Les pieds sales : un Télémaque africain à Paris

« Embraye, Télémaque ! En route ! Pour toutes les raisons que tu veux ! » C’est ainsi que s’adresse en rêve Sidi Ben Sylla à son fils Askia, chauffeur de taxi togolais à Paris. L’exil, l’errance, la quête du père : trois thèmes chers à la mythologie grecque que l’on retrouve dans Les pieds sales, le second roman d’Edem Awumey. Askia, à la recherche de ce père fantomatique qui hante les rues de Paris, rappelle sans équivoque Télémaque, le fils d’Ulysse parti en quête de son père pour le ramener à Ithaque.

« Vous autres, chevaliers errants, vivez en rêvant et rêvez en vivant. » Tirée de Don Quichotte – un autre personnage mythique de l’imaginaire occidental, cette phrase rappelle à Askia le passé qu’il fuit. Ex- membre de la Cellule, une milice qui élimine des opposants au gouvernement d’un pays africain, Askia était « un chevalier à l’envers, obscur ». À Paris, il s’entoure d’Olia, photographe polonaise vivant mal son exil et de Petite-Guinée, un vieux peintre au passé trouble. Tous deux lui proposent leur aide pour retrouver Sidi Ben Sylla.

Edem Awumey, auteur togolais installé au Québec, publie là un roman complexe. Le lecteur ne peut se laisser aller, se plonger sans réfléchir dans cette lecture. Au contraire, les références littéraires foisonnent et l’aura poétique qui enveloppe le roman coupe le souffle. Tel Askia dans un Paris sinueux, le lecteur se perd allègrement dans le labyrinthe des références d’un auteur qui maîtrise les grands mythes de la littérature occidentale.

Edem Awumey, Les pieds sales, Boréal, 2009

Sarrah Osama

MAJ : Pour son roman «Les Pieds sales», Edem Awumey a été retenu pour la première sélection du Prix Goncourt

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