Harragas de Merzak Allouache.

Premier aperçu de la sélection internationale des longs métrages de fiction du Festival PanAfrica 2010 (15 au 25 avril) avec le film Harragas de Merzak Allouache. Une épopée moderne au coeur de l’immigration clandestine.

« Si je ne pars pas, je meurs et si je pars, je meurs », ces paroles résument à elles seules le dilemme implacable de ces harragas, surnom arabe de ces candidats à l’immigration clandestine. « Bruleurs » de papiers, de leur identité, de leurs racines, ils seraient ainsi des dizaines de milliers à franchir la Méditerranée chaque année.

Harragas raconte l’odyssée vers l’Espagne de trois jeunes issus de quartiers populaires de Mostaganem, à 200 km des côtes espagnoles, en Algérie. Ces trois amis ont décidé d’effacer le passé. Le passé c’est « ce pays de malheur et de misère », confie Rachid sans réserve, le narrateur du film.

L’image est sombre, l’espoir quasi-inexistant, le seul objectif est de quitter l’Algérie et « cette cité pourrie de la tristesse »« Un pays prison », consent Rachid, où l’avenir ne peut se dessiner qu’en dehors des frontières du pays.

À travers ce film, Merzak Allouache évoque le destin de ces harragas de plus en plus nombreux à vouloir gagner les portes de l’Europe, considérée comme « l’Eldorado ». Le réalisateur dresse ainsi le portrait de ces jeunes, prêts à tout pour quitter cette Algérie synonyme de frustrations.

Accompagnés d’immigrants d’Afrique noire, les trois amis confient leur destinée à un passeur, surnommé Hassan mal de mer. « Avec son sourire dentifrice, un vrai salaud! », mais il est la seule personne capable de leur faire envisager cet eldorado.

Pendant toute une vie, le destin a tranché pour eux, cette fois, ils veulent pouvoir être maîtres, mais c’est« l’immigration choisie » qui risque plutôt de décider de leur sort, les avertit un autre candidat à l’immigration.

Le film ne tombe pas dans le misérabilisme. Même quand la situation s’avère des plus dramatiques, avec la boussole « made in china » et le GPS taïwanais qui lâchent tour à tour, l’humour et la dérision l’emportent.

Ce film rend ainsi hommage à la détermination de ces harragas dont la seule crainte, lorsqu’ils sont perdus au milieu de l’océan est de se retrouver en Algérie ! La traversée est filmée sans prétention avec une caméra embarquée, ce qui confère encore plus de réalisme à cette épopée aux allures de huis clos.

Le thème de l’immigration clandestine est de plus en plus récurrent au cinéma, à l’instar des récents films de Costa Gavras (Eden à l’ouest), d’Arash T. Riahi (Pour un instant, la liberté) ou de Joséphine Ndagnou (Paris à tout prix, PanAfrica 2009).

Dans Harragas, Merzak Allouache illustre bien toutes les contradictions du territoire de départ, l’Algérie, pays riche où les jeunes n’arrivent pas à rêver à un avenir.

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Le film a reçu plusieurs prix au cours de sa jeune carrière : Prix spécial du jury, prix Fipresci et prix des droits de l’homme au Festival du film de Dubaï ainsi que le prix de la meilleure bande originale et la palmier d’or au Festival de Valencia.

Le film Harragas est en compétition officielle dans la catégorie Sélection internationale Fiction. Il sera projeté le 17 avril (cinéma du Parc) et le 23 avril (cinéma Beaubien).

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