Staff Benda Bilili : de la rue à la scène

Le premier passage à Montréal de Staff Benda Bilili restera certainement dans les annales. Le groupe Kinois a en effet fait lever le public du Club Soda le 5 juillet dernier, au sens littéral du terme. Touki Montréal était de la partie.

C’est dans le cadre des soirées « Couleurs » du Festival international de Jazz de Montréal que les huit musiciens de Staff Benda Bilili ont offert leur prestation. Pour des raisons évidentes d’ordre pratique, les membres handicapés du Staff ont délaissé leurs tricycles modifiés pour des fauteuils roulants classiques. Mais attention, ils n’ont pas été statiques pour autant ! En effet, qu’ils fassent tourner leurs fauteuils, qu’ils bougent leurs bras avec fougue, les Staff Benda Bilili dégagent couleurs et énergie, au-delà de leurs limitations physiques.

Le Club Soda, en format cabaret pour l’occasion, s’est au fil des morceaux transformé en piste de danse. Le public a finalement terminé debout les bras en l’air, à la demande des musiciens visiblement ravis de leur effet. Le groupe a ouvert les festivités avec la pièce aux sonorités salsa Moziki, puis a enchaîné, bercé par les percussions,  avec le morceau au début plus downtempo, Moto Moindo.

Après quelques soucis de sonorisation, Roger, du haut de ses 18 ans ponctue les morceaux de notes aigus produites par l’instrument qu’il a lui-même inventé : le satongé. Sa performance mérite à elle seule le détour, quand on sait que son accessoire monocorde a été élaboré à partir d’une boîte de conserve !

Vocalement, les Staff Benda ne sont pas de reste. Les rythmes de funk et de rumba sont en effet habilement accompagnés de chants bluesy et même parfois de spoken word. Roger, la jeune recrue du groupe, étonne aussi par sa voix, qui contraste par sa fraîcheur avec celles plus éraillées, plus marquées par le temps de ses acolytes plus âgés.

Avec assurance, les musiciens font défiler les chansons, la plupart issues de leur premier album, Très Très Fort, mais en offrant aussi au public quelques inédits : Kuluna, Mamafrica ou Soucis. À les voir, aussi professionnels, on ne peut s’empêcher de penser que ces gars-là reviennent de loin. Les quatre chanteurs-guitaristes principaux sont en effet atteints de poliomyélite et handicapés, et tous sont issus des rues de Kinshasa. Leur bonheur d’être sur scène en est certainement décuplé et ça se voit !

Quelques photos de la soirée

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