La revanche de Sierra Leone’s Refugee All Stars

Si les Sierra Leone’s Refugee All Stars ont été programmés dans la série « Grands Événements » du Festival Nuits d’Afrique, ce n’est pas un hasard. Le groupe a été plus qu’à la hauteur de la tâche sur la scène du Cabaret du Mile End, ce lundi 19 juillet. Au coeur de la foule, Touki Montréal était là.

Vêtus d’habits traditionnels, les membres de Sierra Leone’s Refugee All Stars sont arrivés dans la pénombre, en file indienne, en chantant aux rythmes des percussions. Ils ont  fait quelques petits tours sur la piste du cabaret, avant de grimper sur scène. Quelques minutes plus tard, alors que le groupe entame la pièce reggae Weapon Conflict, le public, jusqu’ici sagement assis, se précipite littéralement sur la piste. Personnellement, je n’avais jamais vu un tel enthousiasme dans cette salle où plus souvent, il faut plusieurs morceaux pour lever les spectateurs de leurs chaises.

Photo : Julia Haurio

L’histoire émouvante de ces huit musiciens ayant connu l’exil et les camps de réfugiés peut être en partie à l’origine de l’intérêt qu’ils suscitent. Mais à les voir sur scène, on comprend vite qu’au-delà de leur courage, les Sierra Leone’s Refugee All Stars sont aussi d’incroyables instrumentistes. Alternant guitare et claviers, chants, percussions et danse, plusieurs d’entre eux se révèlent très polyvalents.

Le groupe alterne religieusement, tout au long des deux parties du concert, des morceaux reggae calés par une impeccable ligne de basse et des pièces de musique plus traditionnelle, rythmées par le son de la calebasse et des congas. Ce choix est plutôt judicieux car il donne une cadence effrénée à leur performance et permet d’éviter la redondance. À l’intermittence des styles, s’ajoute la variation des voix. En effet, plusieurs membres du groupe se succèdent au micro principal, et offrent une palette de tons allant de la voix rocailleuse, style ragga, à celle plus langoureuse style r’n’b, en passant par le chant traditionnel.

Photo : Julia Haurio

Les musiciens ouest africains interprètent à la fois des pièces de leur premier album, Living Like A Refugee, paru six ans plus tôt et des chansons de leur dernier album, Rise & Shine, sorti ce printemps. Ce dernier, enregistré en partie à la Nouvelle-Orléans inclut des sections de cuivres sur certains morceaux, jouées par des musiciens locaux. Lors du concert, celles-ci sont remplacées par deux claviers, sans que cela soit trop dérangeant. Mais il est clair que de vrais instruments auraient été la cerise sur le sundae. Quoique l’on peut se demander où l’on aurait pu les mettre, sur la scène du Cabaret du Mile-End, déjà pleine à craquer !

Ce soir-là, avec leurs sourires, leur énergie et leurs éclats de rires, les huit Sierra-Léonais ont fait l’indiscutable démonstration du phénomène de résilience, cette capacité à surmonter les traumatismes, aussi terribles soient-ils, pour poursuivre sa vie et parfois accomplir de belles choses, telle que cette incroyable aventure musicale. Pour consoler la foule orpheline après leur départ, un représentant de Nuits d’Afrique déclare qu’ils essaieront de les ramener l’année prochaine. Espérons le, et peut-être même dans une salle plus grande ?

Quelques photos de la soirée :

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Photos : Julia Haurio, © Touki Montréal

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