Sous mon niqab, je l’ai enlevé au péril de ma vie

Découvrez la critique du triste témoignage de Zeina, Sous mon niqab, de Zeina, avec Djénane Kareh Tager paru aux Editions Plon.

Voilà une histoire bien triste. Zeina est née en France. Dans une banlieue française. Elle est allée dans une école française. Elle a eu un BTS (diplôme professionnel) et a été engagée dans une entreprise française.

Zeina a été élevé au sein d’une famille musulmane. Traditionnel. Tout allait presque bien jusqu’à son mariage. L’homme qu’elle aimait lui a promis monts et merveille, Paris, la lune, le meilleur et (surtout) le pire.

De jeune fille belle, souriante et en réussite dans la France plurielle, elle va tranquillement se transformer en « spectre », « fierté de l’islam », et devenir au rythme des coups et des sacrifices l’ombre d’elle-même.

« J’ai pleuré tous les soirs, toute seule : je n’avais personne à qui parler, sinon aux miens qui m’auraient répété leurs doctes conseils : “il en va ainsi dans tous les couples, tu dois obéir à ton mari.” »

Véritable témoignage poignant, l’histoire de Zeina confirme les pires craintes que certains expriment sur le port des différents voiles, du bandana au niqab. Il donne froid dans le dos et invite à une profonde réflexion sur la république ou simplement la société qu’on veut pour ses enfants.

Toutes les Zeina de ce monde n’ont pas la chance de tomber sur une voisine angélique ou sur un oncle « mécréant », adepte d’un islam dit modéré par les uns, faible par les autres.

Malgré tout, Zeina est contre l’interdiction du voile dans les sociétés occidentales. Et pour cause, « Je ne voudrais pas que l’État fournisse aux intégristes le prétexte pour empêcher leurs épouses de sortir de chez elles. Elles seraient encore plus cloîtrées», indique-t-elle dans une entrevue au journal Le Matin.

Zeina pourrait s’appeler Carole, Cindy, Maimouna, Bintou ou Natasha. Elle aurait pu être catholique, orthodoxe, juive ou bouddhiste. Mais elle est musulmane. Elle aurait pu être marocaine, slovaque, togolaise, japonaise. Mais elle est française.

Elle ne voulait (simplement) pas porter le voile!

Et pourtant!

Dans l’ascenseur, j’ai tourné le dos au miroir : l’ombre noire qui s’y reflétait me faisait peur, c’était une inconnue menaçante, une inconnue sans identité, ce n’était pas moi. J’ai préféré l’ignorer. Je ne me suis jamais regardée dans un miroir quand j’étais revêtue du niqab, je ne me suis jamais vue en fantôme. Dès que j’ai posé le pied dans la rue, j’ai été envahie par un sentiment d’étrangeté. Il me fallait m’habituer à mon champ de vision rétréci par le tissu opaque qui dégageait à peine mes yeux et dansait à chaque pas, frôlant mon nez puis s’en éloignant, à la semi-obscurité imposée par la mousseline, dans laquelle j’allais évoluer jusqu’à la fin de mes jours. Car il était évident que le niqab m’emprisonnerait jusqu’à ce que je rejoigne le Paradis, la question ne se posait même pas.

Sous mon niqab, de Zeina, avec Djénane Kareh Tager (Editions Plon)

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