Burundi : les universités privées plus contrôlées

Stop aux universités privées qui acceptent des étudiants de niveau insuffisant, embauchent des professeurs sans qualification et dispensent des diplômes sans aucune valeur a décidé le ministre de l’Enseignement supérieur du Burundi. Ce dernier a annulé les diplômes de six lauréats de l’Université de Ngozi.

Six lauréats de l’Université de Ngozi, au nord du Burundi, ont été déchus, en avril dernier, de leur grade de licenciés en droit par Julien Nimubona, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Leurs travaux de fin d’études avaient été copiés ou plagiés sur Internet. Ils ont été dénoncés par des responsables de cette université. Une mesure qui a sonné comme une sévère mise en garde contre les étudiants magouilleurs et les établissements universitaires qui ne prêtent pas assez d’attention à la formation académique et surtout aux travaux présentés par les étudiants.

La décision du ministre secoue les établissements d’enseignement supérieur qui se sont multipliés tant à Bujumbura qu’à l’intérieur du pays dont certains dispensent un enseignement de très faible qualité en embauchant des enseignants non qualifiés et chichement payés. Depuis 1999, date de création de l’Université de Ngozi, le premier établissement supérieur privé, 20 autres structures ont déjà été agréées.

Sur 17 500 élèves qui ont passé l’examen d’État au cours de l’année scolaire 2009-2010, seuls 20 % ont réussi et sont donc autorisés à fréquenter l’université publique. Mais, certains établissements privés d’enseignement supérieur ont organisé une « formation de mise à niveau », et acceptent les inscriptions, non seulement des lauréats des humanités, mais aussi de ceux qui ne le sont pas. « Il faut donner la chance à tous ceux qui veulent fréquenter l’enseignement supérieur », explique un des responsables de l’Université Sagesse d’Afrique (Bujumbura). Le ministre, lui, n’est pas d’accord et constate à regret que « certains établissements d’enseignement supérieur se comportent comme des boutiques où on vend des diplômes ».

Très bas niveau des étudiants

De fait, de nombreux étudiants ont un niveau très bas. « Tu peux parler dans un français facile, mais personne ne te comprend, même si tu racontes une blague », regrette un professeur. Elle se demande, énervée, comment certains étudiants des établissements supérieurs sont parvenus à terminer le cycle secondaire d’enseignement avec un aussi faible niveau de connaissances générales, y compris d’expression en français. Un enseignant de l’Université Paix et Réconciliation de Bujumbura a lui préféré démissionner de son poste estimant qu’il est trop difficile d’enseigner à des étudiants si mal formés.

Pour le ministre, il est urgent de réglementer l’enseignement supérieur privé. Il promet de mettre en place une commission qui vérifiera les dossiers des étudiants et des professeurs. Elle repèrera ainsi ceux qui ont sauté des années scolaires ou académiques ou avancé de classe avec moins de la moyenne nécessaire. « Que les gens cessent de penser que la vie est si simple ; qu’on peut la gagner avec des diplômes non mérités, volés », fait savoir Julien Nimubona qui qualifie ces tricheries académiques d’acte pénal.

Les responsables ministériels accusent aussi certains établissements de recruter du personnel non qualifié pour le payer à bas prix. Un enseignant de l’Université Paix et Réconciliation le reconnaît et affirme que le salaire perçu ne lui permet pas d’acheter du carburant et de l’eau à boire pendant les cours. L’heure de cours est payée 5 000 Fbu soit moins de 5 $. L’université officielle paye le double les professeurs qui ont le même grade académique.

Changer de comportement

L’intervention du ministère dans la réglementation de l’enseignement supérieur privé fait réagir les parents et les élèves qui comprennent qu’il faut se montrer plus compétitif pour pouvoir continuer leurs études. « Nous devons changer de comportement et étudier sérieusement si on veut réellement aborder l’enseignement supérieur », reconnaît un élève d’une école secondaire de Bujumbura.

À partir de la rentrée scolaire prochaine, il faudra en effet avoir un nombre de points fixé par le ministère pour toute entrée dans les universités privées comme à l’université publique. Cet élève qui termine les humanités générales l’été prochain n’avait jamais pensé aux examens nationaux puisque pour lui, « avec son diplôme, on était autorisé à fréquenter n’importe quelle université privée, peu importe le niveau. » Ce qui, pour lui, valait mieux que la rigueur et la durée des années académiques à l’université publique.

Les étudiants de l’Université de Ngozi disent qu’ils ont été surpris d’apprendre l’annulation de ces diplômes pour à cause la tricherie. D’autres ont été satisfaits que ces fraudeurs aient été sanctionnés et déçus d’apprendre que des enseignants sont de mèche avec eux.

Par Stany Ngendakumana

2 Commentaires

  1. Un bac international pour tous les bacheliers burundais, un niveau d’études décent. Des objectifs chiffrés et étalés dans le temps
    Des vrais bourses pour les plus méritants dans les meilleures univertsités internationales (anglophones, francophones etc..). Une vraie mobilité pour ces cerveaux.

  2. Merci pour votre infos!Veullez Nous faire parvenir la liste des universités acceptées à organiser le 3ème cycle au Burundi

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