Le football change le comportement des jeunes du Bas-Congo

Dans la petite cité de Kimpese, à 220 km de Kinshasa, dans la province du Bas-Congo, des jeunes apprennent non seulement à pratiquer le football avec fair-play, mais aussi des règles de bonne conduite en société. Dans leurs familles ou parmi leurs proches, leur comportement est désormais fort apprécié…

Dribler ou taper sur un ballon de football, apprendre à gagner, à perdre ou à faire un match nul… Plus de 200 jeunes de Kimpese et ses environs, filles et garçons, s’accoutument à pratiquer ce sport qui passionne tant les foules. A Gothia, le Centre de formation sportive (Cfs) qui les encadre depuis deux ans, le fair-play est le maître-mot lors des entrainements. « Nous leur faisons comprendre qu’un match de foot ne doit pas se solder par la bagarre, qu’il ne faut pas recourir aux fétiches… », explique Abraham Matondo.

Abraham fait partie des 15 entraineurs qui les forment, parmi lesquels quelques femmes. Pendant les entrainements, ils leur citent des exemples de footballeurs congolais qui se battent dans les stades qu’ils ne doivent jamais imiter, ou des rencontres qui se terminent en queue de poisson. Sur un terrain de foot, « il faut de l’amour, de la justice et un sens de la responsabilité », leur répète-t-on.

Code de bonne conduite

Pour que ces enseignements soient bien assimilés, le centre leur fait suivre, en même temps trois fois la semaine, des cours d’éducation civique, des droits humains et des droits des enfants et d’informatique. De stricte application, leur devise « Respect, sincérité et amitié » et un code de bonne conduite comprenant dix règles, sont affichés sur la clôture du Cfs. « Nous nous battons pour les respecter », affirme un des jeunes.

Parmi les règles enseignées figure le respect du temps. Cette notion est, en effet, un vrai problème de société en Rd Congo. Très peu de gens veillent, par exemple, au temps de travail officiel (8 heures/jour) ou aux heures de rendez-vous. A présent, « mes enfants ne sont plus en retard à l’école. C’est eux qui nous apprennent qu’il est important de respecter le temps », témoigne Joseph Bisita, un parent bien content de ce changement de comportement.

Autre règle de bonne conduite qui fait la joie de tous : « Je veux servir d’exemple à mes frères et sœurs en famille, et à tous mes amis du quartier et de l’école. » Mère de famille, Chantal Makwaya a notamment constaté que Rachelle Massa, sa fille qui suit cette formation, n’est plus la même qu’auparavant. « Elle s’occupe maintenant des travaux ménagers ce qu’elle ne voulait pas faire avant », se réjouit-elle. « Le football est ma passion depuis l’enfance. J’aimerais défendre un jour les couleurs nationales », avoue Rachelle.

Les garçons apprennent également à s’occuper des travaux de ménage, très souvent laissés aux seules filles. Dans le milieu des jeunes de Kimpese où la culture et la consommation du cannabis est assez répandue, la règle « Je veux me considérer et considérer les autres en m’abstenant du tabac, de l’alcool et des drogues » fait aussi des heureux. Avec l’expansion du sida, l’oisiveté ou le manque d’emploi, ce cocktail fait craindre à beaucoup, des méfaits désastreux dans la cité.

Suivi des encadreurs sociaux

Inspirée d’une expérience menée au Congo Brazzaville voisin, après la guerre civile qui avait déchiré ce pays en 1997 et divisé la population notamment les jeunes, le centre de formation de football de Kimpese est l’œuvre de l’Eglise protestante. La province du Bas-Congo a été en proie, en 2008, à de violents incidents survenus après des appels de désobéissance civile lancés par le mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo. Jeunes et Eglises étaient aussi souvent opposés les uns contre les autres.

Le Cfs apprend ainsi à ces adolescents à cultiver l’amour de la paix entre eux, à savoir se réconcilier en cas de conflit. Des assistants sociaux suivent d’ailleurs leur comportement dans le temps qu’ils passent entre le centre et chez eux à la maison. Ce suivi a notamment permis de découvrir, que deux jeunes ne se parlaient pas sur le terrain. Le différend qui les opposait provenait, en réalité, de leurs familles qui ne se parlaient pas au quartier. « Nous avons pu réconcilier les enfants mais aussi les familles », raconte avec satisfaction, Abraham.

Par Alphonse Nekwa Makwala

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici