Baâziz, l’humour au service de la révolution

Le silence régnait vendredi soir dans le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts de Montréal dans le cadre du Festival du Monde Arabe de Montréal (FMA). Vêtu de son éternelle marinière, le chanteur engagé algérien Baâziz  a fait son apparition sur la scène et le silence a été remplacé par les applaudissements d’une foule en délire et des coups de sifflet retentissants.

Baâziz, « Baâziz Presley pour les intimes », annonce qu’il revient d’Alger. « J’ai fait un spectacle devant 4000 personnes là-bas et je peux vous dire que votre silence du début m’a fait peur », a-t-il dit. À peine débarqué sur la scène que le chanteur, reconnu pour ses textes subversifs, sa poésie et son humour noir, a fait rire le public montréalais. Le mot d’ordre de la soirée : non à la censure!

« En sortant du ventre de ma mère, j’ai vu la tête de mon père, je me suis dit “oh quelle galère”, vaut mieux sortir par derrière (…) ma naissance est un crash sur un tas de kalash », a-t-il souligné en faisant référence à la guerre d’Algérie tout en rendant hommage à sa mère.

C’est en arabe que Baâziz parle ensuite de son père en racontant les anecdotes vécues par sa famille, en France, en tant qu’immigrés maghrébins. « Ya baba le vieux lahnin, natfakrak tabki al îin » (Mon tendre et vieux papa, je pleure, quand je pense à toi), a-t-il chanté sous les yeux attentifs de la salle, soudainement redevenue calme.

Au fil de la soirée, le groupe enchaine les chansons enjouées (Bandia) et nostalgiques (La petite fille algérienne) avec des airs tantôt rock ou country, parfois folkloriques, avec du chaabi*. Baâziz a revisité Laurent Voulzy et Renaud en faisant un portrait satirique des personnes corrompues de l’Algérie comme le chanteur Deriassa qui ne faisait que chanter le programme du gouvernement ou encore Said Saadi, le chef de l’opposition algérienne. Il a repris également des chanteurs algériens tels que El-Anka avecSobhane Allah Ya l’tif  et Mohamed Zerbout  avec El Welf kif sahel.

Définitivement anticonformiste, le chanteur algérien a fait aussi allusion aux généraux algériens, au président algérien Abdelaziz Bouteflika, aux conséquences des attentats du 11 septembre, aux difficultés de la jeunesse, à la condition de la femme algérienne et au printemps arabe sans mâcher ses mots.

Le concert s’est terminé sur les titres Nnaya el youm je m’en fous (Moi aujourd’hui, je m’en fous), Algérie, mon amour et l’hymne national algérien. La durée et l’intensité des youyous qui s’en suivent étaient équivoques, l’année prochaine Algériens et Montréalais espèrent secrètement revoir Baâziz pour le FMA.

*La musique chaabi fait partie du folklore algérois.


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