Afrique : les « protecteurs de la forêt » vivent mieux

De très nombreux efforts sont engagés en Afrique par ses habitants et plusieurs associations. Des projets soucieux de préserver ou de régénérer les forêts qui les font vivre. Mais ces dernières sont encore les plus menacées de la planète – alors que la déforestation tend globalement à diminuer – aiguisant la convoitise des multinationales auxquelles les États ne résistent pas toujours.

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Un tiers de la surface de la terre est recouvert de forêt, une ressource inégalée pour la planète mais pas inépuisable. L’Afrique à elle seule abrite 30 % des superficies boisées du monde. Un peu partout, ces forêts sont menacées. Coupées pour leur bois, elles sont aussi régulièrement défrichées pour devenir des terres agricoles.

Face à ces menaces, habitants des forêts, militants de l’environnement, associations et États s’organisent. De multiples initiatives de protection apparaissent. Ces expériences partagent toutes un double objectif : assurer un développement durable des territoires et générer des revenus.

En Afrique, les forêts communautaires font l’objet d’un regain d’attention, comme au Cameroun, où les habitants de la forêt communautaire de Kopongo s’érigent en « protecteurs de la forêt ». En Casamance, les villageois reboisent la mangrove, dont la disparition, amorcée depuis une dizaine d’années, commençait à se faire sentir par les agriculteurs : salinisation des sols, diminution des terres cultivables, etc. Les palétuviers se multiplient, et avec eux, l’espoir d’une vie meilleure pour les villageois. Au Niger, une technique simple et peu coûteuse, la régénération naturelle assistée, a permis de stopper l’avancée du désert.

Dans certains pays, les États, ayant pris la mesure de l’enjeu, se sont engagés dans des politiques volontaristes pour préserver les forêts… avec plus ou moins de succès. Les codes forestiers ont beau être édictés, ils ne sont pas toujours respectés, comme en témoigne l’expérience du Congo Brazzaville, où l’administration n’est pas toujours gagnante dans son bras de fer avec les sociétés d’exploitation forestière.

Au Bénin, les forêts sacrées vont rejoindre les aires protégées. Évolution des mentalités et pression sur la ressource oblige, ces réservoirs de biodiversité étaient de moins en moins protégés par la tradition. Au Rwanda, planter des arbres est devenu une priorité nationale. Chaque année au mois de novembre, des dizaines de milliers de plants sont mis en terre lors de la « semaine de l’arbre ».

2011, un bilan en demi-teinte

« 2011, année internationale des forêts » s’achève. Quel bilan en tirer ? Bonne nouvelle : la déforestation est en baisse dans plusieurs régions du monde. Cette tendance, annoncée par la FAO en début d’année, est confirmée. Elle concerne surtout l’Europe et l’Amérique du Nord, mais le Brésil aussi, qui a voté et appliqué des politiques volontaristes pour protéger la forêt amazonienne, des politiques couronnées de succès.

En Afrique, la déforestation, elle, continue au rythme de 9 % par an. Les pays cèdent aux sirènes des investisseurs internationaux, grands pollueurs, que sont les industries minières par exemple. Dans de nombreux pays d’Afrique centrale et de l’Ouest (comme en Indonésie, en Asie du Sud-Est), les plantations de palmier à huile prennent le pas sur les forêts.

Au Cameroun, alors même que le pays a décidé la création d’un « domaine forestier permanent », le Premier ministre refuse d’entériner le classement de certaines forêts potentiellement exploitables par des sociétés minières.

Les États font le grand écart entre des discours et des intentions affichées : « sauvegarder les forêts » et des actes plus pragmatiques, souvent opportunistes, qui visent à engranger des ressources le plus rapidement possible quel qu’en soit le prix.

Limiter la déforestation

Or, la déforestation est responsable de 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, à l’origine des changements climatiques que subissent de plein fouet les pays africains. La Conférence des parties (COP) sur le changement climatique de Cancun, réunie en 2010, a promu REDD+ : Réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et la dégradation forestière.

L’objectif est d’inciter et de compenser financièrement les efforts de ceux qui maintiendront la forêt ou la régénèreront. Sur le papier, c’est simple, dans la réalité REDD+ est encore loin d’atteindre ses objectifs et son financement n’est toujours pas acquis, même si de premiers projets ont vu le jour.

La COP 17, qui vient de se clore à Durban, en Afrique du Sud, n’a pas permis non plus de grandes avancées. Elle a rassemblé 30 000 personnes issues de 190 pays, mobilisé des milliers d’experts et de représentants des États, mais n’est parvenue qu’à un accord de façade. Une deuxième période du protocole de Kyoto sera lancée, mais de grands États, parmi les plus pollueurs – États-Unis, Canada, Russie, Japon – n’en feront pas partie… ne voulant pas s’engager à réduire autoritairement leurs émissions de gaz à effets de serre.

Dans une période de crises mondiales, qu’elles soient financière, climatique ou alimentaire, les initiatives de protection des forêts sont un espoir pour l’Humanité. Encore faudrait-il qu’elles soient relayées par une limitation des principaux facteurs mondiaux de déforestation : la demande croissante en produits de base, produits miniers, agrocarburants, etc. Un appel à davantage de responsabilité pour tous les pays, producteurs comme consommateurs.

Par Anne Perrin

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