Le chat du Rabbin de Joann Sfar : À la rencontre de l’autre

Dans sa série Le Chat du Rabbin,  version L’intégrale, chez Dargaud, l’auteur Joann Sfar regroupe une partie des nombreux tomes d’une série qui a connu un succès fulgurant en librairie et même au cinéma.

En Matière de BD, comme ailleurs, il y a ceux qui aiment attendre chaque sortie pour se précipiter dans la librairie du coin et ceux qui ne sont pas pressés. Ce deuxième groupe ne pourra qu’aimer les deux intégrales du dessinateur et scénariste Joann Sfar qui reviennent sur l’histoire du chat le plus redoutable d’Alger, le chat du Rabbin Sfar.

Ce dernier vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui finira par en découdre avec le perroquet au point d’en subir les conséquences… Ce chat pas comme les autres se demandent alors s’il est possible pour lui d’apprendre la Torah!

Le premier tome de cette édition spéciale, qui reprend les trois premiers tomes de la série, est commenté par la romancière philosophe et scénariste, Elliette Abecassis, auteure de Qumram, La République et Trésor du Temple entre autres.

Cette dernière décrit avec beaucoup de justesse l’univers Sfarien de l’ouvrage. Il faut savoir que bien que né en 1971 à Nice, Joann Sfar a hérité d’une double tradition, étant issu d’une famille moitié sépharade et moitié ashkénaze.

« C’est à la fois une poésie, un conte pour adulte, et une discussion intelligente, pondérée et drôle du judaïsme explique Elliette Abecassis. [Les dessins] mettent en valeur une réalité humaine et sociale peu connue, celle d’un milieu d’étudiants juifs sépharades, en même temps qu’ils illustrent de grandes idées de la kabbale et de la pensée juive, tout en les contestant, selon un procédé très talmudique. C’est brillant. »

En réalité, cette œuvre de Sfar est encore plus enrichissante, parce qu’elle tend à montrer que nous ne sommes finalement que des acteurs de cette vie, au même titre que les animaux.

Et que si les êtres humains ont la parole en plus comparativement à beaucoup d’espèces, ils ne l’utilisent pas toujours à bon escient, notamment pour mettre au centre de leur vie ce dialogue avec l’autre, entre les gens, les cultures et les sociétés qui fait tant défaut depuis des décennies.

Joann Sfar rend également hommage dans son ouvrage  à l’Algérie qu’il a connu à travers le souvenir des récits, notamment « à tous les peintes d’Alger au XX siècles ».

Les tomes 4 et 5 sont regroupés dans l’intégrale 2, préfacée par Jean Moebius, et aborde également le thème de la sincérité dans les relations et la recherche de soi,  notamment à travers le voyage et surtout la recherche d’une contrée perdue, la Jérusalem d’Afrique.

Les deux éditions, collector, s’intégreront à merveille dans toute librairie pour y être retirée à n’importe quel moment, soit pour le faire lire à un jeune pousse en quête de savoir, à des amis, à la recherche d’aventure (ou pire, d’exotisme), ou pour encore pour s’y replonger.

Forcément l’œuvre a été reprise au cinéma avec toujours à la mise en scène, mais également à la réalisation Joann Sfar (et Antoine Delesvaux). Sorti en Hexagone en 2011,  Le Chat du Rabbin a remporté le César du meilleur Film d’animation en 2012. Tout comme le film Gainsbourg, vie héroïque qui retrace la vie du chanteur Serge Gainsbourg, réalisé par Sfar et qui a gagnéle César du meilleur premier film.

 

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