Duhozanye : a Rwandan village of Widows de Karoline Frogner

Le film Duhozanye : a Rwandan village of Widows a été sélectionné au Festival du film black à Montréal. La réalisatrice norvégienne Karoline Frogner  a posé sa caméra pendant six ans dans un village de veuves rescapées du génocide rwandais. Elle en tire un témoignage pudique et glaçant.

Duhozanye : a Rwandan village of Widows est un film sur le génocide du Rwanda. En choisissant de filmer un village de veuves, et donc de femmes, la réalisatrice donne la parole à celles qui furent victimes hier et bâtisseuses aujourd’hui.

Daphrose Mukarutamu, la figure centrale de ce documentaire, a perdu son mari et huit de ses onze enfants durant les massacres de 1994. Après avoir envisagé de se suicider, elle a préféré adopter une vingtaine d’enfants et fonder « Duhozanye », une association de veuves tutsies et hutues ayant perdu leurs maris tutsis.

La caméra suit le travail de deuil et de reconstruction pendant 52 minutes. Le ton est pudique sans pour autant occulter la difficile réalité de cette tragédie. Le documentaire démonte les rouages du génocide, qui tue, pourquoi ?

Pourquoi particulièrement les femmes et les enfants ? On assiste à des séances de gacaca (juridictions reprenant le schéma des tribunaux traditionnels et mises en place pour juger les coupables), au cours desquelles victimes et assassin se rencontrent.

Encore une fois la caméra se fait discrète et nous donne à comprendre plus qu’à voir le mal qui a été fait.

Ces femmes souhaitent reconstruire leurs vies fragiles, ou du moins assurer l’avenir de leurs enfants, en paix. Elles prient beaucoup, tout au long de ce documentaire, et les nombreuses images d’églises et d’icônes disent combien leur foi leur permet de survivre à tant de douleur.

Avancer sans oublier, c’est ce que raconte Duhozanye : a Rwandan village of Widows. Les photos des défunts sont omniprésentes et jouent leurs rôles à l’écran. Le documentaire assume sa mission d’objet de mémoire et de dialogue et il porte la voix des rescapées au-delà du Rwanda.

À un moment du film, alors qu’une veuve du village raconte les atrocités affligées aux membres de sa famille, la traductrice s’arrête et dit ne pas vouloir traduire tant d’horreurs. La veuve continue et lui répond qu’elle le doit au contraire, afin que tout le monde sache. Duhozanye : a Rwandan village of Widows est une voix de plus.

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