Rencontre avec les membres de H’Sao : «obligations afin d’ouvrir les portes aux futures générations»

H’Sao s’est produit sur la scène du National, le 22 février, à l’occasion du lancement de leur troisième album Oria. Alors que le groupe se préparait pour ce grand événement, ils (Caleb, Mossbass, Izra-l, Charles et Service) ont accepté de se plier au jeu de l’entrevue une heure seulement avant le début du concert.

h-saoVous êtes nombreux, alors comment parvenez-vous à vous harmoniser dans votre travail d’écriture et de composition?

C’est la guerre! (rires) chacun tente de mettre la main à la pâte. Nous avons tous des influences différentes, telles que le hip-hop. Mais in fine, Caleb sera toujours celui qui tranchera lorsque cela sera nécessaire. Il est notre chef d’orchestre. Pour cet album en l’occurrence, Caleb était également le réalisateur. Il a donc travaillé sur l’arrangement et le choix des titres.

Vous définissez l’univers musical de H’Sao comme étant de l’afro-pop, mais d’après ce que vous dîtes il y a des influences hip-hop. Influence que l’on ressent ne serait-ce que dans votre façon de dénoncer les injustices. Est-ce une volonté commune?

On vit toutes ces expériences en famille : la vie au Tchad, notre immigration au Québec et nos tournées à travers le monde. Donc oui, il s’agit bien d’une volonté commune puisque nous sommes témoins des mêmes injustices. Il est intéressant de constater que peu importe la destination, les inégalités existent sur tous les continents, seule sa nature diffère. Nos albums ne font que témoigner de ce que nous vivons.

Vous faites partie de la famille musicale de l’afro-pop et vous dénoncez les inégalités. Il s’agit d’une véritable innovation. La pop n’a en effet pas pour habitude de compter ce genre d’initiative dans sa bulle. Seriez-vous en train de lancer une nouvelle tendance, la pop engagée?

H'Sao concert

C’est sûr que l’on travaille dessus. Le public réagit bien à cela. On vient d’une partie du monde qui est très peu connue. Notre culture et notre musique traditionnelle sont en train de mourir. Alors avec notre travail artistique nous nous engageons également à redonner vie, redonner goût, faire découvrir cette région au monde entier. Le peuple tchadien adore danser et la pop s’y prête à merveille alors la combinaison est toute trouvée.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter le Tchad et de vous installer à Montréal?

Il s’agit d’une situation géographique stratégique. Nous ne pouvions pas faire le tour du monde en étant au Tchad. Ça effraie tous les diffuseurs, ils ne peuvent pas te programmer s’ils ne sont pas sûrs que tu puisses prendre l’avion. Il est vrai aussi qu’à partir du Canada nous pouvons parler de beaucoup de choses. Au Tchad aussi, nous avions osé le faire, mais parfois nous faisions face à certaines limites. Mais ici, nous les repoussons.

Vous êtes polyglottes. Cela vous permet-il de diffuser plus largement votre message?

Oui effectivement, nous ressentons le désir de nous faire comprendre par un maximum de personnes. Mais il faut savoir que cela vient naturellement. Lorsque nous composons et écrivons une chanson, il nous arrive d’imaginer vers quel type d’auditoire sera destiné le titre ce qui va être décisif dans le choix de la langue.

H'Sao Tout semble facile dans votre parcours, comme si tout s’était enchaîné avec un grand naturel. Avez-vous envie de vous lancer des défis?

On en a beaucoup. On catégorise malheureusement à tort les artistes. On se retrouve enfermés. Nous souhaitons y mettre un terme. Nous faisons de la musique africaine certes, mais il s’agit avant tout d’afro-pop. C’est notre version de la pop. On nous range dans des cases notamment dans celle de la musique du monde. En tant que premiers Tchadiens sur la scène musicale internationale, nous avons des obligations afin d’ouvrir les portes aux futures générations qui souhaitent en faire de même. La musique se veut libre, elle n’appartient à personne. Il faudrait la laisser circuler, lui retirer ses chaînes que la catégorisation lui impose.

H'Sao a capella

Avez-vous un message pour vos admirateurs?

Nous aimerions dire aux jeunes Tchadiens de ne pas se complaire dans le système qui leur est imposé. Les premiers fans se font entendre dans le corridor. La formation musicale se réunit alors dans les loges afin de mettre au point les derniers détails. L’excitation est à son comble.

Dès les premières notes de musique, les nombreux fans, amis et familles se mettent à danser. Leur message est diffusé et compris. C’est en nage et dans une euphorie sans pareil que le public quitte les lieux. Beaucoup restent sur la rue Sainte-Catherine dans l’espoir de croiser et de saluer leurs idoles. H’Sao a sans conteste conquis son auditoire.

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