L’Afrique à la base ne m’intéressait pas spécialement. Les choses ont fait que j’ai dû aller enseigner au Burkina Faso, il y a quelque temps, pour remplacer un ami. Là-bas, je me suis pris une claque dans la figure : tous les clichés qui se confirment parfois, qui s’infirment complètement à d’autres moments. Ça m’a vraiment marqué. Je n’y ai plus pensé, les années ont passé. Et les images me sont revenues.
Pour ce film, j’avais envie de parler de ce qu’on peut faire pour l’autre. Voilà comment est née cette idée d’un type qui a une petite association, qui a envie d’aider l’Afrique; et qui – par ailleurs – aime l’Afrique d’une autre façon puisqu’il fantasme sur les femmes de là-bas. Et un jour le fantasme devient réalité, même si pour lui c’est plutôt un cauchemar.
Les clichés justement, nous les voyons qui se mettent tous en place, comment joue-t-on avec ça?
L’avantage c’est que je connais très bien la vie du village, je ne peux faire mes films que dans cet esprit là. Et donc, à la campagne il y a tous ces personnages qui gravitent, qui se connaissent quasiment tous.
Et ils vivent l’arrivée de cette femme de façon complètement différente : lieux communs, bons sentiments, etc. Je trouvais intéressant qu’ils s’interpénètrent, qu’ils se heurtent les uns aux autres.
Pensez-vous que ce film illustre une réalité?
Oui, cela illustre une réalité (voir le documentaire de François Ducat : nordsud.com).
Ce qui m’intéressait aussi c’était de faire un film qui traite de l’immigration de manière plus quotidienne. On voit beaucoup d’immigrants se faire expulser avec force et fracas, mais je crois que c’est la partie émergée de l’iceberg. Je pense que dans la majorité des cas cela se passe de manière beaucoup plus tranquille, on les renvoie et personne n’en parle. C’était de cela dont je voulais parler.
L’intrigue prend une tournure amoureuse à un certain moment du film, pourquoi faire se plaire des personnages qui – au début – étaient mal partis.
L’idée du personnage principal est celle d’un homme qui ne franchit pas les barrières. Il s’est enfermé dans un certain confort et vit une double vie parce qu’il n’est pas complètement heureux dans la sienne.
Et tout un coup, ce n’est pas seulement une Africaine qui frappe à sa porte, c’est la possibilité du bonheur. Mais il n’est pas capable de prendre le risque. Et ça m’intéressait de parler de ça. Il y a la vie qu’on rêve et celle réelle, et si on ne prend pas de risques on passe à côté.
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