Province orientale : les parcs nationaux chasses gardées des groupes armés

Riche en parcs naturels et en sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, la Province orientale n’en profite pas. Contrôlées par des groupes armés, ces réserves sont inaccessibles aux touristes. Et beaucoup d’animaux en voie de disparition ne sont plus protégés.

Syfia International

L’immense Province Orientale au nord est de la RD Congo pourrait être un paradis pour les touristes curieux de découvrir, dans leur milieu naturel, des animaux et des plantes rares. Malheureusement, il n’en est rien et la province ne tire aucun bénéfice de ses parcs nationaux et de ses merveilles naturelles. L’insécurité qui prévaut un peu partout ne permet pas d’y accéder et les groupes armés les dévastent.

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Réserve de faune à okapis

Ainsi la célèbre réserve de Faune à Okapi (RFO) d’Epulu dans la forêt dense de l’Ituri, à 400 km de Kisangani qui abrite de nombreuses espèces menacées de disparition, n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Le 24 juin 2012, les miliciens armés conduits par leur chef Sadala Morgan ont incendié les bâtiments de cette réserve et tué 14 okapis en captivité anéantissant les efforts de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN).

Ce site classé patrimoine mondial de l’Unesco en 1996 est devenu le lieu de tracasseries des militaires congolais qui la contrôlent aujourd’hui pour éviter de nouveaux saccages des miliciens. Visiteurs et chercheurs n’y viennent plus.

Au nord-est à la frontière avec le Sud-Soudan, ce sont des rebelles ougandais et soudanais qui occupe depuis 10 ans le parc national de Garamba, aussi classé patrimoine mondial de l’Unesco. Dans cette savane herbeuse vivent quantité d’animaux : éléphants, buffles, antilopes, girafes et des rhinocéros blancs.

Mais « ces derniers sont en voie d’extinction. Les rebelles sont plus lourdement armés que nos gardes. Le visiteur se limite à la station administrative à cause de l’insécurité », rapporte Constant Alfred Gudja, chef de site au bureau de l’ICCN/Kisangani. Pourtant, il y a des hôtels pour accueillir les visiteurs.

Des merveilles inaccessibles

Plus récent le Parc de la Maiko, à cheval entre la Province orientale et le nord Kivu, une région forestière isolée, a été créé en 1970. « Ce parc n’est pas encore aménagé pour le tourisme. Il faut beaucoup de moyens pour créer les infrastructures d’accueil et les pistes accessibles », explique C. A. Gudja.

De toutes les façons, personne n’y viendrait découvrir les gorilles des plaines, les okapis et les paons congolais qui font sa spécificité. Car depuis sa création, les rebelles Simba sont les maîtres du lieu où ils vivent de braconnages et de l’exploitation des minerais. L’ICCN négocie actuellement avec ces rebelles pour qu’ils quittent le lieu. On signale également la présence des rebelles rwandais des FDLR qui y exploitent l’or.

Le dernier né est le Parc national de la Lomami, au sud de la province à cheval sur les provinces du Maniema, de l’Equateur, du Kasaï, fraîchement inauguré en 2010. Il devait être un refuge pour les singes Bonobos, les okapis, les éléphants… « Mais les miliciens maï-maï attaquent le personnel et abattent les éléphants. Trois attaques ont eu lieu en un mois », rapportait en février dernier l’Organisation pour la gestion de l’environnement au Congo.

A ces parcs où des miliciens ont installé leurs quartiers, s’ajoutent plusieurs sites naturels abandonnés : à proximité de Beni et Bunia, les Escaliers de Vénus d’impressionnantes cascades situées dans la réserve du Mont Hoyo, les chutes du Mont Hawa à Aru et les Chutes d’Atiwa Mahagi…

Mais dans la province, seules sont visibles sans risque les célèbres chutes Wagenia de Kisangani et ses fameuses pêcheries…

Par Pépé Mikwa

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