Une Feuille dans le vent de Jean-Marie Teno aux RIDM

Dans son dernier film présenté aux RIDM, Une Feuille dans le vent, le cinéaste camerounais Jean-Marie Teno rend hommage à l’une des figures marquantes du Cameroun indépendant, le résistant Ernest Ouandié, et ce, en donnant la parole à sa fille, Ernestine qui aura souffert toute sa vie de l’absence de ce combattant de la liberté.

Ghanéenne par sa mère, Ernestine Ouandié va grandir dans le pays de Kwame Nkrumah. Au gré des gifles de sa tutrice et de l’enfer de toutes ses « mamans » et « sœurs », la jeune Ernestine va avoir une vie mouvementée. D’autant que son père, héros d’un autre temps, ne sera jamais là pour elle.

« Tout ce que je peux montrer à mes enfants est une photo d’un grand-père »

Partant d’une longue entrevue réalisée en 2004, à l’issue d’une rencontre providentielle, Teno, va revenir sur les moments phares de la guerre des maquis au Cameroun. Plan fixe, images et photos d’archives, illustrations de Kamo Samba sont les nombreuses techniques utilisées par le réalisateur pour appuyer son propos.

Ernestine_OuandieComme cet enfant innocent, le Cameroun subira les conséquences psychologiques de la colonisation, de la guerre et de cette indépendance relative (néocolonisation).

« Exécuté par les autorités camerounaises en 1971, Ernest Ouandié, le combattant pour la liberté, laisse derrière lui Ernestine, une fille qu’il n’a jamais connue.»

Comme il l’a fait souvent dans sa carrière, notamment dans le Malentendu colonial, le Camerounais dénonce les répercussions et les effets pervers de l’impérialisme européen sur les perdants d’hier. Précisément, dans Une Feuille dans le vent, le cinéaste insiste sur les conséquences individuelles de cette période.

Au passage, Jean-Marie Teno se sert de l’image d’une feuille d’arbre dans un vent, sans racine donc, et qui en peut que se perdre dans l’immensité d’un univers impitoyable, pour raconter la vie mouvementée de cette fille de héros national.

Abandonnée par sa mère, la jeune journaliste va atterrir au Cameroun et occuper un emploi dans la fonction publique tout en continuant sa quête d’identité. Mais même le témoignage de sa tante, âgée et elle aussi à la recherche de la vérité ne saura combler ce déficit affectif.

«Ça fait mal de savoir qu’on doit mourir deux fois, dit-elle dans le film. La première mort, la vraie, est difficile à accepter. Mais la deuxième mort, c’est le silence. Le silence qui entoure tout cela ne nous mènera nulle part.»

Ernest Ouandié sera exécuté par les autorités de son pays en 1971. Ernestine Ouandié rejoindra son père en 2009, fort probablement de son plein gré…

Avant ce film de 55 minutes, Jean-Marie Teno avait réalisé Lieux saints, le Malentendu colonial, le Mariage d’Alex, Vacances au pays, Chef!, Afrique, je te plumerai.

Une Feuille dans le vent est  l’affiche, le 23 novembre, à 14H30, au Cinéma Excentris –Parallèle. Le réalisateur sera présent lors de cette première nord-américaine.

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