Dramaturgies en dialogue 2014 : retour sur le triptyque théâtral congolais

Pour son édition 2014, le dialogue instauré par le Centre des auteurs dramatiques (CEAD) avec les auteurs grâce à leur évènement annuel Dramaturgies en dialogue a traversé les continents pour célébrer la création artistique du Congo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa (RDC). Retour sur les trois pièces qui ont été lues au Théâtre d’Aujourd’hui du 21 au 27 août.

Mardi 26 août 2014, s’achevait la troisième et dernière lecture théâtrale « Made in Congo ».

Bienvenue au Congo! -2- CEAD2014Bienvenue au Congo! et M’appelle Mohamed Ali, deux textes produits par un jeune dramaturge congolais, Dieudonné Niangouna (malheureusement absent), ont clôturé le triptyque tout droit issu d’Afrique Centrale.

Lus par les acteurs Iannicko N’Doua et Philippe Racine, les textes percutants de cet auteur natif de Brazzaville aura eu pour vocation volontaire ou non de déranger et secouer vigoureusement le public montréalais, sagement assis et attentif.

Bienvenue au Congo!: texte court, efficace et humoristique, inverse les perceptions et invite l’audience à voir le monde depuis le cœur de l’Afrique. Le texte comprend des portraits cocasses et souvent acides des peuples français, allemands, vietnamiens, malgaches, etc. Mélange fin de stéréotypes poussés à l’absurde, Bienvenue au Congo! n’est pourtant jamais vraiment bien loin de la vérité, perçant à jour les ignorances entretenues et réconfortantes de chacun sur l’Autre, Celui qui n’est pas « Nous ».

Fiston Mwanza Mujila-CEAD-2014Si Bienvenue au Congo! fait sourire, il en est moins de même de la seconde lecture, M’appelle Mohamed Ali, véritable coup de poing de mots et avalanche de vérités pénibles mais primordiales. Si l’écriture percutante et sans concession de Dieudonné Niangouna y est reconnaissable, l’interprétation de Iannicko N’Doua vient apporter la fougue et la force indispensables pour porter ce texte lourd de revendications.

Résumer ou penser que M’appelle Mohamed Ali est un texte avant tout accusateur, déversant les remontrances du Nègre Africain envers l’Homme Blanc, c’est ne pas comprendre qu’au-delà de la démarche de dénonciation des malheurs de l’Homme africain noir (dans sa généralité spatiotemporelle), il y a un travail de redistribution des cartes donnant droit et accès à la parole. Mais pour dire quoi ? Sa version de la vérité, sa version des faits, sa version de l’Histoire.

À travers la figure du boxeur emblématique s’entendent ainsi en filigrane plusieurs luttes s’imbriquant les unes dans les autres : celle d’un acteur se laissant péniblement mais passionnément habiter par son rôle, celle d’un personnage d’outre-tombe confrontant son passé rebelle et subversif, et enfin, celle d’un peuple métonymique rabrouant la bien-pensance et le politiquement correct pour faire détonner l’autre vérité.

Marie-Louise Bibish Mumbu, Papy Maurice Mbwiti et Fiston Mwanza Mujila-2014Odeurs de poivrons et citations marxiennes

Dans un tout autre registre, Fiston Mwanza Mujila avec sa pièce Et les moustiques sont des fruits à pépins… et Marie-Louise Bibish Mumbu avec sa pièce Bibish de Kinshasa ont dépeint avec autodérision et parfois cynisme un Congo-Kinshasa contemporain, y décrivant ses bruits, ses emblèmes, ses idéologies déchues, mais aussi ses tourments politiques intemporels.

Si certains se souviendront encore longtemps des oignions et du manioc pillé cuisinés directement sur scène par Philippe Ducros et l’auteure de Samantha à Kinshasa, d’autres garderont en mémoire une édition 2014 riche en dévoilement de « ce qu’il ne faudra(it) plus taire » ici, au Congo.

Courtoisie

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