Les fidèles payent pour la vie de leurs paroisses

Depuis la baisse progressive des subsides de Rome aux diocèses congolais, les curés mettent à contribution les fidèles pour assurer la survie des paroisses. Quant aux Eglises du Réveil, toute occasion est souvent bonne pour demander de l’argent.…

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« C’est le marasme. Nos diocèses produisent peu et beaucoup croyaient que l’aide de Rome serait éternelle, alors qu’elle trouve que nous avons suffisamment grandi », constate un prêtre du diocèse d’Idiofa dans l’ex-province du Bandundu, au sud-ouest de la RD Congo.

Eglise-diocese-Idiofa-Courtoisie« Rome envoie encore aux diocèses des subsides. Seulement que ça diminue chaque année…je crois qu’actuellement le brut par Diocèse peut être descendu jusqu’à 30 000$ », indique-t-il.

Déjà vers les années 1991, se souvient le religieux, « Rome annonçait déjà la baisse progressive des subsides pour les diocèses et les séminaires, grands comme petits… « .

La contribution du Vatican à la survie de chaque prêtre pour l’encourager à célébrer chaque jour au moins une messe est révolue. L’Eglise de la RDC est déjà mature et donc capable de voler de ses propres ailes estime-t-il.

Depuis, au Congo-Kinshasa, de plus en plus des prêtres demandent aux fidèles de mettre la main à la poche et contribuer financièrement au fonctionnement de leur Eglise. Et ça marche. Beaucoup de nouvelles églises paroissiales sont ainsi construites par des cotisations des chrétiens et les contributions venues des diocèses voisins.

Les appels à contributions ne tarissent plus. Début octobre 2014, le curé de la paroisse catholique Bienheureuse Anuarite de Bukavu a demandé aux fidèles de ne pas organiser la collecte des fonds pour la construction de l’église dont les travaux avaient déjà commencé. Il voulait engranger plus d’argent pour le dimanche des missions célébré une fois l’an en octobre. Au nom du denier de saint Pierre, la tradition veut que la quête de ce jour soit réservée à l’évêque, qui divise le total des recettes venues de toutes les paroisses du diocèse en deux et envoie la moitié à Rome.

Tout fait nombre

Lorsque l’Europe a évangélisé le Kivu il y a plus d’un siècle, explique l’aumônier de l’Université de Goma, le principe était que « le prêtre assure votre vie spirituelle, les fidèles assurent la vie matérielle de leur pasteur, en offrant l’équivalent d’une journée de travail par an au denier du culte ».

Un curé de Kalehe (à Bukavu) témoigne avoir reçu une femme à son bureau. ?Père?, disait la femme, j’ai constaté que vous ne proclamez que les contributions qui vont au-delà de 20 $ (14,08 €). Et je n’ai que 1 $ (0,70 €) à donner comme participation à la construction de la nouvelle église?, a-t-elle ajouté. Le curé dit l’avoir encouragée à donner même le peu qu’elle a, car selon lui, plusieurs petits sous peuvent constituer une fortune.

A Goma, les pasteurs ne partagent pas cet avis. ?Au lieu qu’un adulte mette un petit billet de 100 Fc (0,11$) dans le panier commun, mieux vaut s’abstenir?, commentait un curé à Goma lors d’une homélie, à l’occasion du baptême de bébés.

Dans les Eglises évangéliques, les adeptes peuvent ainsi cotiser à la fois pour l’église, la chorale… et quant à ceux qui ont un emploi rémunéré, ils doivent offrir mensuellement la dîme (le dixième de son salaire, Ndlr) au denier du culte. Les Eglises du Réveil excellent dans ces pratiques. ?Même le jour de fête, notre pasteur exige des contributions spéciales pour lui permettre de bien vêtir son épouse et de fêter à la maison avec ses enfants?, affirme Chrysostome Lengo, chargé de la réception des visiteurs au culte à Ministère de la paix pour les églises du Congo, à Bukavu.

Par Thaddée Hyawe-Hinyi

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