Hôtel Mahrajane de Robert Solé

Cinq ans après la sortie de son roman Une soirée au Caire, l’écrivain français d’origine égyptienne Robert Solé a renoué avec le genre en publiant Hôtel Mahrajane, aux éditions Seuil.

Dans ce sixième roman, l’ancien journaliste et rédacteur en chef du Monde puise dans son passée et ses rêves pour raconter l’histoire d’un hôtel bien particulier situé, à Nari, petit port imaginaire arabe de la Méditerranée, qui a toutefois des airs d’Alexandrie.

Hotel-Mahrajane-Robert-SoleL’histoire semble simple. Cet hôtel est le centre de l’univers de cette petite bourgade. Pas n’importe qui peut y mettre les pieds, notamment du temps du propriétaire Levy-Hannour, qui le dirige aux côtés de la sémillante Nissa, fille du fondateur de l’établissement.

Ce lieu est aussi un concentré, sorti tout droit de la tête de l’auteur, de la société et de l’histoire de l’Égypte. Dans ce microcosme planétaire ou vivent en harmonie et en fratrie musulmans, chrétiens et juifs, la question du canal de suez va créer un schisme. Et Robert Solé qui est un habitué du genre va le démontrer une nouvelle fois en puisant simplement dans son subconscient.

Le lecteur découvrira que quatre événements chronologiques vont donc marquer l’hôtel. D’abord le départ des juifs du pays. Puis la nationalisation des biens. Et ensuite les intrigues et l’arrivée de la corruption des âmes. Le quatrième élément fort du livre, qu’on découvre à la fin, est commun à toutes les sociétés, d’hier à aujourd’hui. La puissance de l’amour et du sacrifice qu’il oblige. Pour ce dernier point, il faudra arriver jusqu’à la fin des 272 pages. Et ce sera loin d’une souffrance. Au contraire.

Il y aussi la panoplie de personnages forts de l’ouvrage qui est une réussite. Le plus puissant est sans aucun doute Louca, oncle du narrateur. Il y a également Nissa, l’Arménien Ari Maloumian ou encore le gouverneur, pour ne citer que ceux là.

Comme il l’avait fait déjà avec Une soirée au Caire, l’ancien directeur des pages livres du monde prouve qu’il ne faut parfois retenir que le positif dans l’histoire d’un peuple. Né au Caire,en 1946, Robert Solé a débarqué à Paris à l’âge de 18 ans.

Paradoxalement, ce sixième roman publié en 2015 est en réalité le tout premier de Solé. Il a en effet commencé une première ébauche en 1966. Il n’avait que 19 ans. Alors, à la question de savoir si l’histoire de cet hôtel Mahrajane est celle de sa famille, l’auteur reste très discret dans les entrevues. Un peu comme Alex, ce majordome de Nari qui savait tout, mais ne disait que peu de chose.

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