L’Art de perdre d’Alice Zeniter: un prix Goncourt des lycéens bien mérité

L’incontournable roman L’Art de perdre de la talentueuse écrivaine Alice Zeniter est lauréat du prix Goncourt des Lycéens, une distinction méritée pour cette œuvre éblouissante qui lève une partie du voile sur la profonde blessure des harkis d’Algérie.

Publié chez Flammarion dans le cadre de la rentrée littéraire de l’automne dernier, ce puissant roman de l’auteure de 31 ans raconte l’histoire de la famille de Naïma. À presque 30 ans, cette Parisienne se rend compte que son existence même est tributaire d’un passé dont elle ne sait finalement rien.

Son père, Hamid, n’a vraiment jamais pris le temps de lui dire, à elle et ses soeurs, comment et surtout pourquoi toute la famille a débarqué en France en 1962. Comment son grand-père kabyle Ali, héros de la Grande Guerre, s’est retrouvé un jour à Marseille ? Et pourquoi elle sera la première à revenir dans ce pays dont elle finalement pas sûr qu’il est le sien, celui de son père ou même de son grand-père.

C’est un peu de tout çà qu’Alice Zeniter raconte brillamment dans son fluide, mais fastidieux sixième ouvrage de 512 pages. On lui doit aussi quatre romans, dont Sombre dimanche (Albin Michel, 2013), prix du Livre Inter, prix des lecteurs de l’Express et prix de la Closerie des Lilas, et Juste avant l’oubli (Flammarion, 2015), prix Renaudot des lycéens.

«Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace.»

L’ouvrage est organisé en trois parties: l’Algérie de papa, la France froide, Paris est une fête, respectivement la période du grand-père,  du père et à la fille, Naïma.

Que s’est passé dans ses années noires ou l’Algérie française est devenue l’Algérie tout court? Pourquoi ce petit village dans les montages est devenu en moins d’un demi-siècle la patrie des barbus et des femmes qui ne montre même pas leur doigt ?

L’Art de perdre (Flammarion) d’Alice Zeniter

Alice Zeniter n’a pas toutes les réponses, mais son héroïne, elle, a soif de vérité pour enfin mettre un nom sur son mal-être.

Si on ne peut qu’adorer la plume bien aiguisée de celle qui vient de publier son sixième ouvrage, force est aussi de constater que la longueur du récit peut être vu comme un excès de volonté de bien faire et de tout dire. Sans doute qu’il aurait fallu faire ses choix.

Reste que les nombreuses distinctions de Zeniter lui donnent raison. En plus du Prix Goncourt des Lycéens, L’Art de perdre a obtenu le Prix littéraire Le Monde 2017 puis le Prix des Libraires de Nancy – Le Point 2017.

N’empêche que les parties algériennes de l’histoire résonnent plus dans l’esprit du lecteur que la partie parisienne ponctuée des lamentations d’une Parisienne qui a malgré tout tout !

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