La punition de Tahar Ben Jelloun

Publié comme souvent dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard, le roman La punition du Franco-marocain Tahar Ben Jelloun décrit une séquence triste du règne inquisitoire de Hassan II à une époque où il ne faisait pas bon d’exprimer la moindre critique ou encore pire…de manifester.

Lauréat du prix Goncourt en 1987 pour son roman La Nuit sacrée, l’écrivain raconte l’histoire d’un jeune étudiant rangé et amoureux qui commettra l’erreur un jour de se retrouver comme d’autres dans une manifestation, qu’on dira pacifique, dans les rues marocaines en 1965.

Comme dans les régimes politiques les moins démocratiques, on n’a pas toujours le droit d’exprimer librement une pensée qui sera sans doute banale ailleurs, dans les pays dits démocratiques.

Pour ce jeune qui a pourtant été élevé dans une famille où la peur d’une trahison est perpétuelle, comme finalement pour tout le monde, c’est le début d’un long calvaire. Seule l’écriture lui permettra de s’évader, une fois de temps en temps, tout comme la lecture d’Ulysse, de James Joyce, envoyé dans sa prison pas du tout dorée par son frère.

De la convocation militaire au rendez-vous médical pour être reformer, du rasoir qui enlève tout sur la tête à la tentative de coup d’État ultime, le narrateur va passer par toutes les étapes que sont les « humiliations, mauvais traitements, manœuvres militaires dangereuses sous les prétextes les plus absurdes ».

Il faut dire que pour les familles, les ponces du régime ont la meilleure des réponses: la couverture du service militaire pour les quelque 94 étudiants concernés. Les noms des bourreaux sont les suivants : le général Oufkir, le colonel Ababou, l’adjudant Aqqa.

« Pendant des mois, je n’ai plus été qu’un matricule, le matricule 10 366. Un jour, alors que je ne m’y attendais plus, j’ai retrouvé la liberté ».

Cette phrase du narrateur n’est autre que celle de l’écrivain qui enfin prend la plume pour revenir sur un épisode douloureux de dix-neuf mois qui a changé sa vie pour toujours. Il lui aura d’ailleurs fallu près de cinquante ans pour enfin raconter cette histoire.

 

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