Sublime Mélissa Laveaux au Festival de jazz

Mélissa Laveaux, Radyo Siwèl

Extraordinaire, voix puissante et forte, charisme scénique, mélancolie, mais aussi beaucoup de plaisir: voilà autant de sentiments et d’impression qui se dégagent de ce spectacle de près de 1 h 30 qui mériterait d’être vu par le plus grand nombre. C’était celui de Mélissa Laveaux dans l’antre toujours mystérieux de la 5e salle, dans le cadre du Festival de jazz de Montréal.

Pour l’occasion, la chanteuse aux multiples racines a choisi de balader son public dans une période triste de l’île Española. Précisément alors que les Américains ont occupé Haïti (1915-1934). Elle les a aussi fait voyager à Paris ainsi qu’à Montréal avant de revenir là ou tout a commencé. Là où ses parents ont grandi avant de quitter à l’âge de 18 ans pour le Québec puis l’Ontario.

Avant Montréal, la chanteuse s’est arrêtée à Toulouse, Port-au-Prince et Chicago et reprendra ensuite la route pour New York puis le vieux continent.

Elle revenait donc d’Haïti avant sa prestation au festival au jazz. Elle en était marquée. Départie d’un sentiment d’imposture qui, disait-elle, la bloquait depuis huit ans, la chanteuse s’est imprégnée de son talent et savoir en assumant ce qu’elle est au plus profond d’elle. À commencer par cet héritage donné par ses parents.

Mélissa Laveaux était fière de revenir à Montréal et contente d’y jouer. Au Festival de jazz, un peu chez elle, la chanteuse avait sa guitare et assurait l’essentiel de son one-woman-show-spectacle. Avec elle, deux musiciens, à la batterie (Martin Wangermée) et à la basse (Élise Blanchard), chacun y allant de son moment de gloire pendant la soirée.

Haiti Troubadou…

Le spectacle a surtout porté sur son troisième et dernier projet (plus qu’un album, à notre avis) Radyo Siwèl, dans lequel elle se réapproprie cette langue, le créole, qu’elle a apprise comme elle pouvait et, dans une moindre mesure, une partie de sa culture.

Il a été beaucoup question de la chanteuse Martha Jean-Claude qui a bercé l’enfance de la Parisienne alors qu’elle découvrait la vie dans le froid d’Ottawa. Elle a aussi abordé le thème de vaudou (Nibo, Twa Fey), qui pourrait bien expliquer les films de zombies ou de la superstition (Panama Mwen Tombe). Elle a parlé de chansons peu coquines qu’elle adorait chanter à son jeune et naïf âge (Totalito), et de quelques héros comme Jolibwa, un militant qui s’opposait à la présence américaine.

Le public a aussi eu droit à un peu de Bilie Holiday (avec le titre Piebwa, une variation autour du Strange Fruit de Billie Holiday) et du Léonard Cohen, aux airs du titre Hallelujah. Les titres Peze Kafe, Kouzen, Nan fon bwa ont aussi été chantés.

Au détour d’une parenthèse, l’artiste s’est aventurée avec conviction sur la controverse entourant le spectacle Slav de Robert Lepage avec Betty Bonifassi. Avec ses mots délicatement choisis et justes, elle a fait échos à ceux qui ont protesté en assurant qu’il y avait bel et bien possibilité de mieux faire.

Au final, les spectateurs ont eu plus que du plaisir. Mélissa a eu droit à deux ovations bien senties et plus que méritées.

À Touki Montréal, tout le malheur qu’on lui souhaite, c’est d’investir un jour, mais rapidement la grande scène TD pour que son message de dialogue soit répandu à toute la province.

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