Pour qu’il y ait un début à votre langue

Jusqu’au 20 avril la pièce Pour qu’il y ait un début à votre langue de Steve Gagnon est présentée à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.

La pièce du metteur en scène québécois (auteur de Fendre les lacs et Os, la montagne blanche) explore le fossé générationnel entre parents et enfants, n’arrivant plus à communiquer ensemble, ne parlant tout simplement plus le même langage. Elle s’inspire des oeuvres de Sylvain Trudel, Le souffle de l’Harmattan et Du mercure sous la langue.

Frédéric (Frédéric Lemay) a 28 ans. Atteint d’une maladie incurable, il se meurt petit à petit sur son lit d’hôpital. Sa famille, qui lui rend visite, ne peut communiquer avec lui. Pour une seule et simple raison, il a décidé de se taire jusqu’à sa mort.

Il ne veut pas partir en parlant la langue de ses parents. Une seule personne peut discuter avec lui: son infirmière douce et sensible (Claudiane Ruelland). C’est sa complice, son oreille pour ses derniers jours.

S’en suit alors pendant 2 h 10, une multitude de mises en scène entre le présent et le passé, entre un Frédéric jeune adolescent, fougueux, amoureux et plein de rêves et un Frédéric qui s’éteint doucement et en silence.

La salle intimiste de Denise-Pelletier amène directement le public au centre de l’action avec le public entourant de chaque côté la scène.

C’est un décor, dont le coeur est le lit de Frédéric, entouré d’un four, disposé un peu plus loin dans un coin, mais également des acteurs, tous présents non loin, en attente de leurs scènes.

Ça donne une atmosphère particulière, intrigante et par moment inutile, surtout le fait d’avoir les huit acteurs tous présents devant nous en tout temps. Chaque personne a un objet le caractérisant, mais on y reviendra un peu plus tard.

Ces allers-retours entre le passé et le présent se symbolisent par des monologues plus ou moins réussis de la part de la famille venue au chevet de Frédéric.

Chacun à leur tour, ils se lamentent sur leurs problèmes. La mère (Nathalie Malette) traîne avec elle un four et sa peine. Elle est triste à souhait, ne faisant que de se lamenter, sans éclat de bonheur dans son regard. Une seule chose lui tient à cœur: outre son fils mourant, c’est son rôti celui qu’elle aime cuisiner…

Le père (Daniel Parent), un écran d’ordinateur dans ses bras, se contrarie contre sa propre mère et sa naïveté compulsive de se faire arnaquer sur les sites d’achat en ligne.

La grand-mère de Frédéric (Linda Laplante), est une acheteuse compulsive pour son petit-fils. Elle ne cesse d’avoir des sacs plastiques avec elle, symbolique de ses achats intempestifs.

Le grand-père (Richard Thériault) a un rôle plus obscur puisqu’il est en quelque sorte, le soutien, la deuxième voix de Frédéric. Il s’élève par rapport aux autres membres de la famille comme s’il était au-dessus de tout ça.

L’ensemble des moments sont entrecoupés des scènes plus jeunes de Frédéric. On découvre son ami Wilson (Jonathan St Armand) avec qui il a une relation assez particulière.

Tout cela sous le regard et l’absence de consentement d’Odile (Pascale Renaud-Hébert), adolescente au franc parlé, copine de Frédéric. Elle sait être touchante, amusante, gueularde à souhait. C’est d’ailleurs une belle révélation de la pièce.

Tout est particulier dans cette pièce souhaitée par Steve Gagnon. Le dramaturge sait mêler beaucoup de contenu avec authenticité et talent. Il y a une authenticité qui percute et touche. Ça bouge, ça crie, ça pleure, ça rit et les moments plus paisibles se font rares, mais sont significatifs.

Il y a toutefois quelques longueurs dans les monologues. Si la pièce était plus concise dans sa durée, peut-être  qu’elle donnerait un souffle différent.

Au final, Pour qu’il y ait un début à votre langue” est tout une symbolique sur le détachement générationnel, la rébellion et la volonté de ne pas se laisser faire.

La pièce joue jusqu’au 20 avril 2019, au Théâtre Denise-Pelletier.

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