Le film « Antigone » de Sophie Deraspe à l’affiche

Meilleur long métrage canadien à la dernière édition du Festival international de Toronto, le film Antigone de Sophie Deraspe a pris l’affiche au Québec. Touki Montréal ne pouvait pas rater ce film présenté également au Festival du nouveau cinéma ainsi qu’à Cinémania.

Pour son cinquième long métrage, la cinéaste québécoise raconte l’histoire de la jeune Antigone,16 ans, qui est prête à tout faire pour préserver l’unité de sa famille.

Cette adolescente est arrivée au pays en compagnie de ses deux frères – Étéocle et Polynice – sa sœur, mais aussi sa grand-mère Ménécée, sans les parents, qu’on imagine morts. On devine qu’ils ont laissé beaucoup de souffrances là-bas, dans une Algérie, sans aucun doute en pleine décennie noire.

Inspiré de la tragédie de Sophocle

Ce film qui se veut puissant trouve une grande partie de sa force dans l’interprétation juste et audacieuse de son héroïne Nahéma Ricci qui campe le rôle de la jeune Antigone, à la fois idéaliste, brillante et quelque peu anticonformiste.

Le drame de Sophie Deraspe aborde le parcours difficile d’une fratrie en se servant à la fois du prisme de l’immigration (et donc la non-citoyenneté).

La cinéaste aborde aussi le thème de la culpabilité-responsabilisation familiale ainsi que celui de la question de la mobilisation sociale à l’heure des réseaux sociaux.

Il y a cependant quelques libertés, sans doute assumées dans le scénario qui interpellent. C’est le cas d’une des scènes dans le centre jeunesse ou encore du préjugé défavorable envers le travail des policiers

Il faut dire que l’auteure puise aussi dans les faits réels.

En l’occurrence, il y a cette scène au début du film qui renverra les cinéphiles à l’histoire de Fredy Villanueva, ce jeune qui a été abattu lors d’une intervention policière dans l’arrondissement de Montréal-Nord en août 2008.

Comment comprendre aussi le risque que fait courir Antigone aux victimes de cette histoire que sont sa soeur et surtout sa grand-mère ?

Outre l’extraordinaire performance de Nahéma Ricci, il faut aussi souligner celle de celui qui joue l’élue de son cœur, Antoine Desrochers (Hémon) et l’élégante dignité de Rachida Oussaada, qui campe avec brio le rôle d’une grand-mère kabyle (Ménécée) même si l’on se demande pourquoi, après toutes les souffrances qu’elle a connues, elle accepte d’être complice du nœud gordien de cette histoire. Souffrez d’ailleurs qu’on n’en parle point ici.

En plus des acteurs ci-haut cités, notons aussi la qualité du jeu offerte par Nour Belkhiria, Hakim Brahimi et Rawad El-Zein, ainsi que la présence des expérimentés Paul Doucet, Jean-Sébastien Courchesne et Benoit Gouin.

En plus de réaliser son film, Sophie Deraspe signe également le scénario et la direction photo, qui, faut en convenir, est juste époustouflante. Pas étonnant d’ailleurs que ce film représente le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger. On lui doit aussi les œuvres suivantes: Rechercher Victor Pellerin, Les signes vitaux, Les loups, Le Profil Amina.

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