« Faire la leçon »: ouvrir le dialogue entre professeurs et élèves

La première de Faire la leçon, nouvelle pièce de théâtre prenant l’affiche au Théâtre Aux Écuries, a eu lieu mardi 12 novembre. Cette oeuvre, proposée par la compagnie de théâtre physique I.N.K., écrite par Rébecca Deraspe et mise en scène par Annie Ranger nous ramène à l’école en traitant d’un sujet qui nous parle tous, le système éducatif.

Crédit photo : Eugene Holtz – Sur la photo Klervi Thienpont, Xavier Malo

À travers le regard de quatre enseignants, Faire la leçon évoque les enjeux, les inquiétudes, les relations avec les élèves que peuvent avoir leur profession. Chacun étant dans un registre différent et chacun devant faire face à son propre défi personnel de professeur.

Étienne (Solo Fugère) enseigne l’anglais. Nouvellement arrivé à Montréal, il doit faire sa place auprès de ses collègues et dans un environnement qu’il ne connaît pas.

Mireille (Marilyn Perreault), se soucie de développer l’esprit critique de ses élèves. Simon (Xavier Malo) doit gérer une situation amoureuse non désirée avec l’une de ses élèves. Camille (Klervi Thienpont) se veut la plus dynamique, la plus enjouée par son travail et démontre un enthousiasme débordant pour ses élèves et collègues.

Tout commence à la rentrée des classes. Dans un local des professeurs, aménagé dans la salle de sport de leur établissement secondaire, les protagonistes reviennent ensemble sur ce qu’ils ressentent lors d’une année scolaire entière. Une préoccupation principale les rapproche: faut-il tout dire et communiquer aux élèves ? Notamment des informations qui les touchent, mais qui peuvent avoir des répercussions dans leur enseignement.

Crédit photo : Eugene Holtz – Sur la photo, Solo Fugère, Xavier Malo, Marilyn Perreault


Des moments comiques, des moments plus poétiques, des solos, des quatuors se dessinent tout au long de la pièce. Il y a notamment toujours une gestuelle et des pas de danses originaux pendant leurs récits. Cela amuse, cela déstabilise: se rouler par terre en contant son texte a son petit effet lorsque cela arrive.

C’est la mission donnée à Annie Ranger. Faire bouger, danser et gesticuler ses actrices et acteurs dans cet espace qu’est la salle des instructeurs. Cela donne des moments drôles comme les interprétations en anglais d’Étienne, maîtrisant de manière imparfaite la langue de Shakespeare ou ce moment qui revient souvent dans la pièce, les quatre professeurs dansant et faisant un décompte en harmonie chacun dans leur coin avant de retrouver leurs élèves en classe.

Le fil rouge étant toujours ce rapport  avec les élèves, accompagné de moments plus burlesques comme le partage du seul ventilateur présent dans la pièce, si importants lors de périodes caniculaires. Toute cette histoire pose les bases d’une envie de discuter, de faire évoluer un système qui ne demande que ça. 

Faire la leçon fait nécessairement réfléchir et le texte de Rébecca Déraspe ne laisse pas indifférents, pousse à méditer sur ce que l’on propose comme système d’éducation aux enfants actuels et futurs.

Offrir par exemple dans la pièce, un droit de réponse des élèves en les faisant intervenir est une bonne idée. Ce regard permet une interaction avec les professeurs qui devraient sans doute être plus régulière. L’échange est constructif. Les élèves apprennent au contact de leurs professeurs, mais les élèves aussi en apprennent beaucoup aux professeurs sur eux-mêmes, et les inquiétudes des nouvelles générations.

La réussite de cette pièce? Voir combien être professeur n’est pas une tâche facile. Le mérite revient aussi aux comédiens qui donnent autant de crédibilité à un métier exigeant émotionnellement.

Inspirées par leurs expériences personnelles en tant que mères et ayant reçu de nombreux témoignages d’expériences d’autres enseignants, les deux femmes à la base de ce projet arrivent à leur fin.

En sortant du théâtre, on ne peut que se poser des questions sur ce que l’on aimerait faire pour améliorer ce monde éducatif. Le travail d’un professeur est colossal. Il faut l’avouer, mais même avec ces contraintes comme dans toutes les situations, ne serait-ce pas le dialogue et l’ouverture la meilleure des solutions?

Une bonne idée pour chaque représentation puisqu’avant l’entrée en scène, trois minutes sont offertes à un enseignant afin d’évoquer et de sensibiliser sur différents enjeux éducatifs. 

Faire la leçon au théâtre Aux Écuries, jusqu’au au 29 novembre.

Texte : Rébecca Déraspe. Mise en scène : Annie Ranger. Distribution : Klervi Thienpont, Marilyn Perreault, Xavier Malo et  Solo Fugère.

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