Se former à l’étranger pour mieux travailler au pays

De plus à plus de jeunes de Butembo au nord de la RD Congo partent se former, souvent en marketing, dans les pays d’Asie, en Chine et en Indonésie surtout. Mais ils rentrent ensuite investir au pays et y monter de rentables affaires.

(Syfia Grands Lacs/RD Congo)

En grimpant au quatrième niveau du bâtiment Palos en plein centre ville de Butembo (320 km au nord de Goma), on est vite surpris par le nombre d’activités exercées ici. Nous sommes à la « place Kilimandjaro ». Plus de 10 jeunes filles et garçons s’activent. Certains dans la cuisine du restaurant, d’autres dans le salon de coiffure et d’autres encore reçoivent, orientent et servent les clients. Le patron n’est pas loin. Il est partout pour surveiller jusqu’aux moindres détails.

Pour le rencontrer au calme, il faut aller dans la salle de formation. La barbe broussailleuse et les vêtements bien coupés, John Silusawa est le jeune entrepreneur qui a monté ces affaires. Il enseigne aussi le chinois parlé aux habitants de la ville depuis plus d’un an. Après 15 mois en Chine comme immigré résident, il est rentré au pays pour investir. « J’ai compris qu’il est important de revenir vivre chez soi. Chez autrui, il n’a jamais fait beau, » explique ce jeune homme calme aux cheveux mal peignés.

Apprendre à faire des affaires

D’autres jeunes comme lui reviennent bâtir leur vie au pays après un temps à l’étranger. Ils partent en Chine ou dans d’autres pays d’Asie, le plus souvent en Indonésie où ils apprennent des métiers surtout liés au commerce mais aussi la cuisine ou la coiffure. Ils en profitent aussi pour apprendre l’anglais. « Moi j’ai passé deux ans à Jakarta à apprendre l’informatique, je suis revenu et j’ai crée mon secrétariat public et je m’en félicite », témoigne joyeusement Jean Baptiste Kakule.

Il ajoute qu’il est « important de toujours songer à revenir un jour chez soi et prouver qu’on n’avait pas fui les siens ». « Lorsque nous partons, c’est toujours avec l’idée d’apprendre mais en 1er lieu avec l’idée que nous devons revenir. Du coup nous capitalisons le temps passé à l’étranger, » explique Mwendapole Katsuva qui a investi dans le commerce des voitures d’occasion après deux ans passés à Guangzhou en Chine.

D’autres en profitent pour tisser des liens d’échanges commerciaux. « Quand on va en Chine, c’est avec l’idée d’aller apprendre ce qui fait la fierté de ce peuple travailleur et de revenir le pratiquer ici chez nous, témoigne Jean Baptiste Kakule. L’amitié qu’on entretient une fois de retour fait que les autres ont du respect pour vous à l’étranger comme au pays. »

Partir pour revenir

Dans la coutume Nande (peuple qui habite Butembo en plus de 90%) un diction dit : « On n’atteint pas les cheveux blancs loin de chez soi », en d’autres termes, « on ne peut pas devenir vieux loin de son terroir. » « Ce qui fait que l’on songe toujours à rentrer, même lorsqu’on a une vie aisée ailleurs », confirme Polycarpe Ndivito, président de la Fédération des Entreprises du Congo.

Certes, certains restent absents de longues années mais ils finissent toujours par revenir. « Souvent c’est pour des raisons de coopérations économiques. Ceux qui restent deviennent des facilitateurs dans les transactions entre les opérateurs de chez nous et ceux du pays hôte, des sortes de commissionnaires. Mais toujours, ils finissent par revenir au pays travailler pour eux mêmes après avoir gagné un peu d’argent à investir », explique John Silusawa.

Partir pour rester, on n’y songe jamais. Un jour il faut revenir, travailler pour la communauté et vivre avec les siens. Selon Polycarpe Ndivito, il en a toujours été ainsi : « Des opérateurs économiques qui ont été les premiers à voyager vers l’étranger dans les années 80, personne n’a décidé de s’installer définitivement là. Ils sont tous revenus travailler ici et faire fortune. »

Par Kennedy Wema

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