Black President de Sila and The Afrofunk Experience

Un boucan. Un raffut. Un joyeux bordel. Des rythmes Afrobeat transposés sur du funk. Des transes vocales. Et un album illustré avec Barack Obama qui tient le continent africain dans sa main. Quelle logique est à tirer? Aucune à part celle que l’ordre naît du chaos et que Sila and the Afrofunk Experience offre un opus totalement imprévisible qui pique la curiosité.

Sila et ses acolytes débarquent avec un album mélangeant paroles en anglais et en swahili sur une instrumentale confondant  funk, soukous, néo soul et reggae. Un cocktail de percussions et de guitare, mais surtout, une explosion des cuivres.

Les racines africaines de Sila sont directement associées au funk des années 70-80 avec une prédominance des instruments. Black President se distingue comme une oeuvre collective empreinte d’un groove  extensible qui s’adapte aussi bien aux échappées vocales de Sila qu’aux riffs et solos de The Afrofunk Experience.

Les rythmes syncopés se construisent autour de Bennie Murray à la batterie et de Wendell Rand à la basse. Les consonances funk sont menées essentiellement par Mike Pitre à la trompette. Au-dessus de ce funk percutant retentit la voix de Sila qui scande son message politique.

Les chansons défilent sans cohérence thématique. Le premier morceau Shelter marque le ton de l’album : punché! Sila déploie toute son énergie dans des cris spontanés et puissants. Une sorte d’épilepsie vocale qui a pour résultat d’exalter l’ouïe pour le reste des morceaux.

L’album s’enchaîne sur Beauty Queen avec une nouvelle surprise : des rythmes latino-caribéens. C’est la seule chanson de l’opus qui parle d’amour et qui accorde une place à un choeur féminin. Beauty Queen prouve que Sila peut illustrer ses prouesses vocales sur une mélodie posée.

Les morceaux s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Le morceau Chrome attribue une place importante aux riffs de cuivres qui sont néanmoins effacés par les performances vocales de Sila avec son I’m freaking OUT qui n’est pas sans rappeler les transes vocales de James Brown ou Prince.

Dans Thief in the House, Sila met de côté ses échappées vocales pour entamer un slam sur la corruption des dirigeants africains et sur la répression que subissent les civils des États Africains.

Le message politique se poursuit dans Black President ou la funk s’efface au profit d’un message clair « Mr. President, I got something to say, People are hungry to change ».

L’album se termine sur le morceau I’m so tired où Sila exprime ses revendications « I’m so tired of the television…of CNN…of people calling Africa the black continent…of people stealing from Africa…all this bullshit, all this corruption shit, all this genocide shit. »

Black President réserve quelques autres surprises comme le morceau You love you qui dévoile un instrumental reggae rehaussé par l’armée de cuivre de The Afrofunk Experience. Dans cette chanson, Sila assène qu’il faut d’abord s’aimer avant d’accepter l’amour de quelqu’un d’autre.

Cet opus est à écouter sans fin avec Sila qui livre ses émotions à vif sur les rythmes grooves de son orchestre. À noter que Sila et ses six musiciens se sont produits dans le cadre du Fillmore Jazz Festival en étant cinq ans de suite tête d’affiche et ils se sont illustrés lors du Berkeley Jazz Music Festival. Ils ont aussi été lauréat du « Outstanding World Music Album » aux NAACP Image Awards (National Association for the Advancement of Colored People).

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