Burundi : des légumes pour mieux vivre

Au nord du Burundi, la production et la consommation de légumes se développent rapidement. Récoltés tout au long de l’année, ils assurent des revenus réguliers aux agriculteurs. Les petits revendeurs y trouvent aussi leur compte, car la consommation de ces produits frais et peu onéreux est appréciée des citadins toujours plus nombreux.

Syfia Grands Lacs/Burundi

« Les légumes nous sauvent pendant les périodes où nous connaissons des crises. Ils sont devenus une ressource permanente », se réjouit Eugénie de la commune Busiga, province de Ngozi au nord du Burundi. Dans cette province et celle de Kayanza, la culture de légumes est devenue une source de revenus quotidiens pour les agriculteurs dont les terres exigües ne produisent pas suffisamment.

« Ma terre est au plus de 25 ares, je ne parviendrai en aucun cas à trouver à manger et à vendre. Pourtant j’ai besoin d’argent pour acheter du savon, des habits pour toute la famille… Ce sont les légumes qui me dépannent », témoigne Onesphore de la commune Mwumba, toujours en province de Ngozi.

Récolter durant plusieurs mois

Les paysans plantent des amarantes, des aubergines, du piment, des épinards qu’on peut récolter pendant plusieurs mois. Selon Eugénie, les pieds d’amarante peuvent rester plus de six mois en production en donnant une récolte toutes les deux semaines. Il en est de même pour les épinards.

Les aubergines et le piment peuvent être associés à d’autres cultures. Dans son unique champ d’à peu près 20 ares, Grégoire de la commune Gashikanwa, près de Ngozi, a planté plus de 50 pieds de piment qui cohabitent avec des bananiers. Ce qui ne l’empêche pas d’y semer le haricot pendant sa saison culturale.

Quant aux choux, ils sont souvent cultivés dans les marais. On en trouve à tout moment, même pendant la saison sèche. Mais, ces marais surexploités perdent leur fertilité et les paysans n’ont pas l’habitude de les fumer. « J’ai manqué d’argent pour acheter les fertilisants pour mon champ. Voilà que mes choux sont chétifs ! », s’attriste Immaculée, une des paysannes rencontrées dans le marais de Mikoni en province de Kayanza.

Vendeuses et consommateurs satisfaits

Les légumes constituent également une manne pour les gens qui ont peu de moyens pour se nourrir. « Quand j’ai les légumes, je peux manger une nourriture équilibrée pour peu d’argent », explique Rubin, un habitant de la ville de Kayanza. En fait, le haricot également appelé la viande des Burundais, est tantôt rare, tantôt coûteux et il faut dépenser autant d’argent pour acheter un kilo de haricots (0,5 $) que pour le cuire.

Il faut également avoir soit du foufou, soit du riz ou des tubercules pour les accompagner. Le repas revient à près de 2 $. Avec la moitié de cette somme, on peut préparer un repas convenable avec des légumes. Selon un étudiant de l’université de Ngozi, quand il a un demi-kilo de riz ou de foufou, il peut manger facilement et rapidement en achetant des légumes pour 0,1$.

Ces légumes, autrefois offerts par les voisins, sont devenus ces derniers temps une denrée commerciale. Les petits commerçants en profitent d’autant plus que les villes s’étendent. Ainsi, tous les jours, des vendeurs ambulants circulent à Ngozi et Kayanza. Nombre d’entre eux sont de petits marchands qui s’approvisionnent dans les collines. La plupart sont des femmes visiblement sans moyens : veuves, mères célibataires qui n’ont pas la force d’exercer d’autres activités. « Avec le commerce des légumes, je parviens à subvenir à tous mes besoins et à ceux de mes enfants, même si je n’ai pas de mari », témoigne Nyabenda Vénantie, une vendeuse ambulante rencontrée à Ngozi.

Se lancer dans ce commerce est peu coûteux. Vénantie a contracté un crédit de 10 $ auprès d’une amie pour le faire. En cinq mois, elle l’a remboursé et fait au moins 2 $ de bénéfice chaque jour. Ainsi chaque mois, elle trouve à peu près 50 $. Elle peut ainsi payer les 8 $ de loyer d’une maisonnette, nourrir ses deux enfants et assurer les autres besoins. Ces petites commerçantes vont vendre dans les quartiers pour gagner des clients dans les familles ainsi que dans les cabarets et hôtels où des légumes sont demandés pour accompagner certains plats.

Par Eric Nshemerimana

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