Burundaises au travail : les familles vivent mieux

Confrontées à une pauvreté croissante, de plus en plus de Burundaises, surtout celles qui sont seules, se font embaucher comme les hommes, notamment dans la construction. Elles arrivent ainsi à assurer des revenus stables pour leurs familles.

Certains hommes de Bujumbura rural, en particulier ceux qui travaillent dans le bâtiment, sont inquiets. Ils ont peur de perdre leur emploi. En effet, selon l’Association des entrepreneurs du Burundi, près de 30 % de leurs employés sont désormais des femmes. D’autres s’en réjouissent, car les revenus de leur ménage sont multipliés par deux depuis que leur femme travaille aussi.

Burundaises, Crédit Photo : Martine Perret, Flickr

Ces dernières années, il est devenu de plus en plus difficile pour les familles de vivre avec le salaire d’une seule personne. Les prix des produits de première nécessité ont flambé, la guerre a mis à mal l’économie du pays.

Cette extrême pauvreté pousse les femmes à travailler durement sur les chantiers pour nourrir les leurs. « Les hommes étaient les seuls à porter le fardeau pour faire vivre les familles, mais la donne a radicalement changé depuis que les prix des denrées alimentaires ont quadruplé », indique Sylvain Maza, chef de colline.

Les femmes ont rapidement fait la preuve de leur compétence à exercer des emplois jadis dévolus aux hommes. Le secteur de la construction en est l’illustration la plus évidente. Elles sont de plus en plus nombreuses à venir y chercher du travail. Difficile pour les entrepreneurs de les rejeter, car la plupart, abandonnées par leurs conjoints avec des enfants à leur charge, sont sans ressources. « Nos maris n’ont qu’un seul souci : quand ils ont de l’argent, ils préfèrent les jeunes filles et ne se soucient même pas de leurs familles », indique Ndirahisha Renilde qui s’est faite embaucher après que son mari ait épousé une seconde femme.

C.I., la trentaine aussi, est aide-maçon depuis quatre ans quand son mari, lui-même maçon, a prix une deuxième épouse. « C’était toujours des querelles à la maison sur des questions d’argent insuffisant pour couvrir tous les besoins. » Veuves, femmes abandonnées par leurs maris, filles mères qui n’ont aucune source de revenus constituent la majorité de ces employées.

Deux emplois, deux revenus

Aloys Manega, entrepreneur, est satisfait de cette nouvelle situation. Auparavant, il devait chaque mois gérer des litiges : « Je recevais des plaintes liées au fait que les hommes n’aidaient pas leurs familles. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. » Selon lui, tant que les femmes n’auront pas cette indépendance économique, les familles ne seront pas solides.

Peu à peu, les hommes commencent à changer, même si les résistances ne manquent pas. Joséphine, mère de deux filles, recrutée par l’entreprise qui emploie son mari, constate que son époux continue à gaspiller ses sous, arguant que « l’argent de la femme c’est pour le ménage, la nourriture, les soins de santé des enfants et leur scolarisation. » N.T., chef d’entreprise, souligne cependant que des changements de comportement sont encore possibles quand ces hommes là verront que certains ont un niveau de vie plus élevé, grâce au travail de leur femme.

« Les enfants sont bien scolarisés et la nourriture ne manque jamais à la maison. Nous sous sommes entendus sur la manière de gérer notre revenu et cela marche très bien », affirme Muringa Spès, 26 ans, mère de quatre enfants. Son époux estime d’ailleurs avoir beaucoup perdu quand il travaillait seul car, d’après lui, actuellement « il y a moyen de concevoir un projet de développement qui fera vivre notre progéniture. Ce n’était pas le cas avant. »

Par Gabby Bugaga

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