Ces âmes chagrines de Léonora Miano

Après Blues pour Élise, l’écrivaine d’origine camerounaise revient avec un autre roman, Ces âmes chagrines, toujours chez Plon. L’histoire de ce dernier opus commence à Sombé au Mboasu, un pays d’Afrique subsaharienne et se déroule aussi en Hexagone.

Un enfant pas bien dans sa vie, Antoine Kingué, alias Snow, en veut beaucoup à sa mère, qui a entres autres, choisit la vie avec son compagnon, au détriment, pense ce garçon, de son devoir de mère.

Pas le hasard de la vie, Thamar, cette mère a également d’autres garçons qu’elle n’a pas vus beaucoup au cours de leur enfance. Heureusement, comme c’est souvent le cas au dessous du Sahara, Modi, sa mère, a su veiller sur la progéniture. Et ce, grâce aux beignets haricots qu’elle, Mami Makala, vendait dans son quartier.

Antoine et un de ses frères, Maxime, vivent en France grâce à un pacte antifratrie. En attendant le succès qu’il se souhaite dans le milieu de la mode ou ailleurs, Snow, en vraie canaille, va spolier sa famille.

Son grand frère, lui, est un ange. Il va trouver le secret de l’ascenseur social, malgré ses problèmes de carte de séjour et finira même par obtenir un poste important dans une succursale de son entreprise en sol africain. Chez lui. Proche de sa grand-mère. Il « convaincra » même son frère de laisser leur mère retourner avec lui.

« Né dans l’Hexagone, Antoine Kingué, dit Snow, n’arrive pas à surmonter la rancoeur qu’il nourrit envers sa mère, coupable de ne l’avoir pas assez aimé. Elle l’a laissé en pension alors qu’il n’avait que sept ans et envoyé passer les grandes vacances seul au Mboasu, ce pays subsaharien où il ne s’est jamais senti à sa place. Par ailleurs, il est persuadé que son frère Maxime a reçu plus d’affection que lui »

Comme le titre l’indique, « Ces âmes chagrines » parle de la tristesse, de la souffrance et de la mélancolie de plusieurs âmes. L’abandon est d’ailleurs l’élément commun dans chaque cas. La plupart des personnages, des « afropéens » comme aiment à le dire Leonora Miano, sont des exilés. Des gens qui vivent non pas seulement loin de leurs proches, mais surtout qui sont affectés par un manque crucial, l’affection, l’amour, selon le terme qu’on préfère.

La question de l’intégration n’est pas forcément le point focal de ce roman de plus de 280 pages. Au contraire, le rôle complexe de la femme, de la mère africaine, moderne et responsable de tous ses actes est abordé avec beaucoup de justesse par l’auteure de Contours du jour qui vient, prix Goncourt des Lycéens en 2006.

Certains lecteurs auront, par ailleurs du mal à trouver les clefs de cet univers complètement à l’opposée du précédent, Blues pour Élise. Et pour cause, ce roman a été écrit il y a quelques années, alors que l’auteure était dans une phase de réflexion totale.

C’était une « une période, où je n’allais pas très bien », reconnait d’ailleurs Léonora Miano, soulignant que le titre initial était Nos chagrins et nos chaines. Une période révolue puisque elle milite aujourd’hui pour « la résilience ». Aux lecteurs, elle conseille d’ailleurs « éviter l’enfermement (…) et d’essayer d’y croire un peu ». Quand à nous, aux lecteurs, nous conseillons, une fois terminée la première lecture, de recommencer le livre pour boucler la boucle de cette histoire…

Ces âmes chagrines,  Léonora Miano, Plon, 2011.

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