Katanga : les vieux véhicules interdits taxés très cher à la douane

Les importateurs du Katanga au Sud-est de la RD Congo sont furieux de la très forte hausse des tarifs douaniers sur les véhicules mis en circulation avant 2002 appliquée depuis novembre 2013. Pourtant un décret avait interdit leur importation depuis plus d’un an. Mais nombre d’entre eux pensaient qu’il ne serait pas appliqué et ne s’y sont pas préparés.

Debout dans la zone neutre qui sépare la RD Congo de la Zambie, un importateur de véhicules n’arrête pas de téléphoner. Il est en quête d’interventions pour arriver à dédouaner 50 véhicules appartenant à son agence bloqués depuis deux semaines à la douane.

En cause, la mise en application fin novembre de la circulaire du directeur général de la DGDA (Direction générale des douanes et accises) qui a doublé ou triplé les frais de dédouanement des véhicules mis en circulation avant 2002.

« La manière dont cette mesure a été prise nous a sérieusement handicapés, transitaires en douane et revendeurs des véhicules », se plaint cet importateur.

Pour dédouaner une voiture simple, il faut débourser jusqu’à 4 000 $ au lieu de 1 500 auparavant. Pour une Jeep, c’est 4 500 et 7 000 $ au lieu de 3 000 $. « C’est un coup dur pour le secteur du transport parce que le pouvoir d’achat du Congolais n’a pas changé. Si nous doublons le prix de vente de ces véhicules sur le marché, qui va les acheter ? », s’interroge Jules, revendeur des véhicules à Lubumbashi.

Pénaliser les vieux véhicules

Le 2 octobre 2012, le Premier ministre Matata Mponyo avait signé un décret interdisant l’importation sur le sol congolais des vieux véhicules. « A partir du 2 décembre 2012, tout véhicule mis en circulation avant 2002 sera soit réexporté soit détruit au moment de son dédouanement aux frais du transitaire ou du transporteur pour limiter l’impact nuisible des véhicules polluant sur l’environnement », stipule ce décret qui accordait deux mois aux importateurs pour se préparer.

Une année après, le décret du Premier ministre n’est pas appliqué au Katanga. Pour Israël Kamba, importateur des véhicules de seconde main, avant d’appliquer cette mesure, on devait baisser les frais de dédouanement des nouveaux véhicules. « Cela nous encouragerait à nous inscrire dans la logique du gouvernement », soutient-il.

Mais la DGDA est résolue à faire appliquer le décret du premier ministre. Dans un premier temps, elle pénalise les vieux engins en augmentant fortement les frais de dédouanement pour décourager leurs exportateurs. « C’est-à-dire qu’on se réfère non plus au prix d’achat réel du véhicule usé, mais plutôt à son prix initial de l’usine. La valeur finale devient largement supérieure à la valeur transactionnelle », explique Jules Odimba, membre du comité provincial des transitaires en douane du Katanga. Ceci a conduit Laurent Mamba à revoir à la hausse les prix des véhicules à la vente. Mais pas sans conséquence dit-il. « Depuis lors, des clients hésitent à passer des commandes et même à acheter des véhicules aux différents points de vente », se plaint Mamba.

Les sceptiques sont surpris

« La décision du Premier ministre nous est parvenue il y a longtemps c’est vrai. Mais que voulez-vous ? Nous apportons à nos compatriotes ce qu’ils sont en mesure d’acheter facilement », tente de se justifier Claude Dipa. Pour cet importateur, les véhicules neufs coûtent cher à l’achat et au dédouanement. Sur le marché, ils ne sont pas achetés rapidement. Or dans l’activité commerciale il faut faire avec le temps. C’est ce qui a poussé nombreux revendeurs à continuer d’importer les vieux, moins coûteux et qui s’écoulent plus vite.

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Sceptiques, les uns pensaient que la mesure gouvernementale prendrait du temps pour être appliquée sur le terrain, les autres n’étaient pas du tout convaincus qu’elle le serait, explique Dipa. Surpris par la DGDA, ils ne savent quoi faire. Les déclarants en douane qui ont tenté de hausser la voix pour dénoncer la révision à la hausse des frais de dédouanement, se sont vu retirer le droit d’exercer.

Depuis, les plaintes des revendeurs et déclarants se multiplient. Le comité provincial des transitaires en douane a initié des négociations avec la DGDA pour « trouver des mesures transitoires qui permettent aux revendeurs de se préparer », souligne Odimba.

Par Maurice Mulamba

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