Le chant des tortues : chronique d’une révolution tenace au Maroc

Projetée à la Cinémathèque québécoise samedi 3 mai 2014 dans le cadre des Vues d’Afrique, la chronique filmée du journaliste Jawad Rhalib, Le chant des tortues : une révolution marocaine, retrace les deux années de lutte qui ont suivi les mouvements de contestation populaire du 20 février 2011.

Le-Chant-des-tortues-Documentaire_portraitMouvement de révolte né en Tunisie et en Égypte il y a trois ans, le Printemps arabe ne s’est pas arrêté aux portes du Maroc.

Défiant la peur instaurée par le régime monarchique de Mohammed VI et surmontant les années de plomb du régime d’Hassan II, la jeunesse marocaine s’est elle aussi retrouvée dans les rues, à scander des slogans pour une meilleure éducation, pour un meilleur système de santé, pour une plus grande considération du peuple, pour mois de corruption.

Aujourd’hui, le 20 février est désigné « la journée de la dignité » à Casablanca comme à Rabat.

Filmant les hauts et les bas d’une lutte qui s’apparente clairement plus à une course de fond qu’à un sprint, la chronique de Jawad Rhalib n’est ni triomphale, ni romantique. Malgré les rassemblements quotidiens devant les consulats ou aux agoras de la capitale, rien n’a vraiment changé au Maroc.

La nouvelle constitution de Mohammed VI en réponse aux manifestations n’a été qu’un leurre, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane à la tête du parti islamiste de la justice et du développement (PJD) balaie toute idéologique laïque.

« Un mouvement qui n’a qu’une année d’existence ne peut atteindre ses objectifs en un claquement de doigts. Ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. En une année, nous allons réaliser la vraie démocratie. Ce n’est pas possible. Nous on se bat depuis un demi-siècle pour arriver là où on est. Si vous perdez espoir, alors aurevoir et merci beaucoup. »

 « La vraie révolution, c’est le changement de mentalité »

Jawad Rhalib et son Chant des tortues constate, déplore mais encourage aussi. Le journaliste délivre un message réaliste et optimiste en mettant en avant le travail forcené d’une jeunesse qui imprime et distribue des tracts à la tombée de la nuit, prenant la parole lors des rassemblements pour stimuler la foule et insuffler une nouvelle énergie.

Toute l’année, des groupes de jeunes adultes via les réseaux sociaux depuis leur chambre redoublent d’effort pour que la révolte ne se délite pas, pour que les troupes ne faiblissent pas. À travers l’art et l’éloquence, chacun s’arme pour lutter contre l’immobilisme du gouvernement et le défaitisme contagieux de l’ancienne génération.

Le chemin est long jusqu’à la démocratie, jusqu’à l’égalité, jusqu’à la justice, jusqu’à la laïcité espérée des artistes comme Kenza Benjelloun ou Reda Alali du groupe Hoba Hoba Spirit. Le chemin est long pour combattre le fatalisme des gouvernements coercitifs dont « les voies de la répression sont impénétrables ». Mais Jawad Rhalib le filme : le peuple marocain est sur le chemin.

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