«La BD algérienne se porte bien» – Dalila Nadjem

« La BD algérienne se porte bien ». Cette phrase sans détour est celle de Dalila Nadjem, directrice et fondatrice de Dalimen Éditions et accessoirement commissaire du Festival international de la BD d’Alger (FIBDA). Profitant de sa présence au troisième festival de la BD de Montréal, Touki Montréal a voulu en savoir plus sur la situation de la BD en Algérie.

En octobre dernier, Dalila comme tout le monde l’appelle était la chef d’orchestre de l’édition 2013 du FIBD d’Alger, le plus gros festival de la BD en Afrique et dans le monde arabe. «Il grandit, lentement mais sûrement. Il prend de l’ampleur», confie Mme Nadjem.

fibda2013L’éditrice attribue ce succès à trois objectifs atteints : « la relance de la BD en Algérie », faire d’Alger, « la place où tous les auteurs africains rencontrent les auteurs internationaux » et « la valorisation de la bande dessinée africaine ».

Grâce à une équipe « sérieuse » et « professionnelle », ce festival qui se tient au cours de l’automne a pris de la maturité. Le besoin d’avoir une vitrine pour les auteurs d’Alger la blanche, comme pour ceux du pays ou du continent n’est également pas étranger à ce rayonnement qui dépasse pourtant la méditerranée.

En veut pour preuve le dernier palmarès du FIBDA, qui témoigne d’une mondialisation de cet art. Les pieds bandés du chinois Li Kunwu a notamment raflé le prix du meilleur album en langue étrangère. Les auteurs africains n’étaient pas non en reste. Citons le cas du Camerounais Japhet Miagotar  qui a raflé le prix du meilleur graphisme avec son ouvrage Cargaison mortel, publié chez l’Harmattan BD.

Le succès du FIBDA reflète également la bonne santé du neuvième art. «La BD algérienne,  elle se porte très bien [et] je pèse mes mots», confie d’ailleurs Dalila Nadjem.

Plusieurs raisons expliquent cet état de fait. «Nous avons été, nous les Algériens, les pionniers dans la BD», soutient-elle en faisant référence à l’exposition «L’Algérie à l’honneur», qui se tiendra jusqu’au 22 juin, à l’Espace La Fontaine, et qui reflète les 50 ans de la BD algérienne.

«[L’Exposition] présente l’ensemble des auteurs que nous avons en Algérie : l’ancienne génération des années 50, la génération des années 90 qu’on oublie souvent et la nouvelle génération des années 2000. Ce sont trois générations, qui chacun à sa façon, présente l’actualité algérienne : la vie, la société, les ressentis», précise-t-elle.

dalila-nadjemComme ailleurs sur le continent, la question de la diffusion des œuvres, notamment à l’international, reste toutefois un problème.

À l’échelle nationale, l’industrie peut compter sur l’appui de l’État algérien. «Dans mon pays, il y a une volonté politique, explique Dalila. Il y a un soutien à la création, un soutien à l’édition du ministère de la Culture, du ministère de l’Éducation pour améliorer le monde culturel en général et celui de l’édition en particulier.»

Cette volonté se traduit de plusieurs façons : «achats et acquisitions d’ouvrages pour les bibliothèques municipales, communales, et nationales», mais aussi des «soutiens aux auteurs, créateurs [ainsi qu’] aux écrivains».

D’ailleurs, une BD sur l’Émir Abdelkader (par Djilali Defalli et Azouz Begag) doit d’ailleurs être publiée bientôt et l’État a insisté pour qu’elle le soit au sein d’une maison d’édition algérienne.

Les résultats de cette implication gouvernementale sont probants. En Algérie, il y a une réelle diversité des maisons d’édition. «Nous avons très peu d’auteurs algériens qui sont édités en France. Les auteurs algériens sont édités en Algérie», précise la femme derrière Dalimen Éditions.

Il reste que comme les tous les auteurs du monde entier, la vitrine internationale est incontournable. «Il est indispensable qu’il y ait des relais –festivals de BD, salons du livre, rencontres, expositions-, des évènements ponctuels qui permettent de faire connaître l’art en question, de faire connaître l’auteur et qui peut-être le passage obligatoire pour pouvoir être par exemple prendre contact avec les libraires ou les bibliothèques.»

Selon elle, cette méthode est la plus sûre, la plus directe pour se faire connaître davantage dans le monde entier. «Si on va trop vite, on risque de se perdre», précise-t-elle.

La méthode vaut aussi bien pour l’univers de la BD que pour la durée de vie du festival. Entre le festival parrain, comme celui d’Angoulême (qui a fêté en janvier son 41e anniversaire), et celui d’Alger (qui en sera à sa 7e édition en septembre prochain), Dalila Nadjem souhaite à celui de Montréal «qu’il arrive à prendre autant d’ampleur» que les deux autres.

Le Festival international de la Bande dessinée d’Alger se tiendra du 23 au 27 septembre 2014 au niveau de l’esplanade de Riadh El-Feth. Le Brésil sera le pays à l’honneur de ce festival qui aura pour thème «Le Mondial des bulles à Alger».

FIBDA-Alger-2014

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