Émir Abdelkader: le projet de Djillali Defali et de son ami Azouz Begag

Emir_Abdelkader_by_Etienne_CarjatLa vie et l’œuvre de l’Émir Abdelkader, un personnage historique et important de l’Algérie, sera croquée en BD et publiée dans un premier temps par l’éditrice algérienne Dalila Nadjem, directrice et fondatrice de Dalimen Éditions.

Le dessinateur Djillali Defali et le scénariste Azouz Begag travaillent depuis un moment sur une série de quatre tomes qui va relater l’histoire de l’Émir Abdelkader, du garçon de 6 ans qu’il était au grand guerrier qu’il est devenu.

«C’est un grand personnage en Algérie », confie d’ailleurs le dessinateur rencontré à Montréal, à l’occasion du Festival BD de Montréal.

«La France le connaît, parce qu’il a combattu la France avant de devenir un allié», ajoute le bédéiste, mais son histoire n’est pourtant pas enseigner, ni raconter.

«C’est un grand homme, un grand sage, un grand guerrier. Il a fait du mal des deux côtés, mais il est respecté des deux côtés.»

Djillali DefaliL’idée est d’Azouz Begag, « qui a lu presque tout ce qui s’est écrivait sur l’Émir ». Après avoir travaillé sur le massacre de Sétif en l’Algérie dans Leçons coloniales, le sociologue et ancien ministre français a eu l’envie de s’attaquer à l’œuvre de l’Émir Abdelkader. Il s’est donc tourné vers Djillali Defali.

La seule condition imposée par le dessinateur pour travailler sur la série de l’émir a été d’en faire un personnage totalement différemment, « pour que le jeune Français, comme le jeune Algérien, sans lire le titre, se dise : « tiens, c’est un nouveau personnage, c’est nouveau héros »», puis réalise qu’en fait c’est un personnage historique.

Au départ, les deux hommes ne se connaissaient pas, mais ils sont  devenus amis depuis. Avec Azouz Begag, l’entente et la collaboration sont au beau fixe. «Il me laisse une liberté totale de faire ce que je veux», confie-t-il, parlant d’un « homme fasciné par le dessin » et prompt à lâcher des « wow » à chaque étape du projet.

L’éditeur français Casterman était intéressé au départ à collaborer sur ce projet. Le ministère algérien a toutefois tenu à ce que l’œuvre soit d’abord publiée en Algérie, notamment pour l’éducation nationale.

Pour Djillali Defali, c’était l’occasion de travailler pour la première fois avec un éditeur algérien. Il s’est d’ailleurs réjoui d’avoir pu « imposer son nouveau style », qu’il n’avait pas encore dévoilé jusqu’ici.

Lecons ColonialesLa série sera également publiée ailleurs qu’en Algérie. «Avant même que l’album sorte, nous sommes déjà en discussion en France et même en Hollande pour l’achat des droits», a mentionné le bédéiste

« Savoir qui lit mes bandes dessinées »

Par ailleurs, l’artiste achève plusieurs projets commencés il y a des années. Dans les valises, il y a aussi un projet d’adaptation d’un roman de Yasmina Khadra, Le dingue au bistouri. «Ça reste en stand-by. On attend », souligne-t-il.

La tentation de s’installer à Montréal est également forte. Le dessinateur est d’ailleurs en discussion avec un studio montréalais. « Montréal est un bon endroit pour partir à zéro avec le nouveau boulot, le nouveau style et le nouveau genre que je veux réaliser », ajoute Defali.

À propos du Festival BD de Montréal, l’auteur n’a que de bons mots pour ce jeune festival, à l’opposé des « usines » avec des queues à n’en plus finir. « J’adore la relation avec le public. Moi avec le lecteur, je déconne, je demande son avis, il me raconte toute sa vie, j’ai un lien très affectif […] J’aime bien savoir qui lit mes bandes dessinées. »

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