Delikatessen de Théo Ananissoh chez Gallimard

Dans le roman Delikatessen de Théo Ananissoh, le Togolais Enéas, qui vit au Canada, revient au pays pour voir sa mère et il rencontre une sublime animatrice et propriétaire d’un petit restaurant (maquis). Elle est toutefois convoitée par biens d’autres hommes, dont malheureusement un baron du pouvoir.

Tout au long des 220 pages de ce roman paru dans la collection Continents noirs de Gallimard, l’auteur raconte les choix kafkaïens que doivent faire Sonia Sika, mère de deux enfants et séparée d’un mari un tantinet violent.

Que faire entre l’amour qui semble vrai et la relation qui pourrait mettre fin aux angoisses financières? C’est la question que tente de répondre Sonia, sans doute le personnage le plus complexe de ce récit du Togolais Theo Ananissoh. Il brosse ainsi la vie quotidienne et difficile de femmes de nombreux pays en Afrique et ailleurs où la liberté est un espoir pour celles d’entre elles qui y aspirent.

Lorsqu’un homme puissant met son pouvoir au service de ses envies les plus folles, quelle est la marge de manœuvre qu’il reste à ces femmes ?

Théo Ananissoh – Courtoisie Facebook

C’est aussi pour l’animatrice d’une télévision locale l’art de surfer et de mentir carrément toujours au bon moment pour ne pas se laisser submerger par l’émotion et autre sentiment susceptible de causer sa perte.

Le personnage d’Enéas représente ceux de diaspora, qui sont partis du pays et qui ont fini par oublier les règles non écrites d’une pseudo démocratie. Son sort révèle à quel point la vie ne tient toujours qu’à un fil ou un téléphone…Libre de ses faits et gestes, Enéas commettra l’affront de jouer dans les plates-bandes de puissants du régime, au point de se retrouver dans une zone dangereuse.

«Soudain, ils sont devant la mer océane. L’infinie et mugissante masse liquide. Cette agitation immémoriale. Les phares éclairent les vagues têtues et leur écume blanchâtre. Énéas prend peur ; véritablement. On retrouvera peut-être son corps gonflé d’eau salée plus loin à l’est, sur la plage d’Aného, la ville, le pays de ses parents. Ils vont le noyer! Voilà ce qu’ils ont en tête.»

Théo Ananissoh est l’auteur de Lisahohé (2005), Un reptile par habitant (2007) et Ténèbres à midi (2010), tous publiés chez Continents noirs ainsi que de Vingt ans pour plus tard et Le soleil sans se brûler aux éditions Elyzad.

Né en 1962 en Centrafrique de parents togolais, il réside en Allemagne où il a enseigné la littérature africaine francophone à l’université de Cologne.

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