137 Avenue Kaniama de Baloji: leçon de hip-hop sur musique Kongauloise

Avec 137 Avenue Kaniama, sorti plus tôt  cette année chez Piais, l’auteur-compositeur-interprète d’origine congolaise Baloji livre un troisième album tout simplement IRRÉSISTIBLE!

Se réappropriant son identité mixte, l’artiste belge propose une leçon de musique sur fond de rythmes afrobeat, rumba congolaise, musique électro et bien sûr hip-hop.Le niveau de la langue, la profondeur, et les métaphores font de Baloji un artiste hors pair qui sait s’entourer de collaborateurs qu’il laisse généreusement briller sans jamais lui faire ombrage.

Rien sur cet opus n’est laissé au hasard! Dès le premier regard, la photo de la pochette de l’album indique une recherche artistique aboutie et une ligne directrice claire. L’Afrique au cœur de la création.

Entouré de feuilles de bananiers, qui évoquent la république Banana du bas Congo ou celles utilisées dans la préparation du Chikwangue? Feuilles de palmiers, épis de maïs. Nous sommes en République du Kongo.

L’artiste se tient droit dans un costume élégant bleu (sans col), sandales de plage aux pieds rappelant les adeptes de la sapologie (Société des ambianceurs et des personnes élégantes). Il arbore la célèbre coiffure, mais réinventé (plus funky) de l’indépendantiste Patrice Lumumba et la ressemblance est frappante!

L’album s’ouvre sur les notes prometteuses de Glossine (Zombie). Puis vient l’entraînante L’hiver indien avec ses guitares. Baloji fait coexister ses cultures congolaise et belge, pour en devenir hybride…. Kongaulois.

Il y a des références à Gustave Flaubert (Madame Bovary), au cinéaste Michel Gondry et à Dany Laferrière.Et puis si depuis 1989 vous n’avez toujours pas trouvé la réponse au titre du premier film de Dany Laferrière, Comment faire l’amour à un nègre sans se fatiguer? Ne cherchez plus! Baloji y répond avec humour sur Bipolaire- Les Noirs.

Sur le refrain de Peau de chagrin – Bleu nuit, le mélomane averti reconnaîtra le refrain de I belong to you de Lenny Kravitz.

Avec le titre L’art de la fugue – Le vide, impossible de ne pas mettre au défi et de s’interroger à savoir qui pourra résister à ces six minutes et huit secondes de pur plaisir … «L’amour se mesure à ce qu’on accepte de sacrifier», lance le chanteur.

Baloji s’ouvre encore plus sur La dernière – Inconnu à cette adresse en racontant la première rencontre avec sa mère biologique dans un restaurant d’expatriés. Celle à laquelle il fut arraché à l’âge de 3 ans…

137 Avenue Kaniama est une œuvre qui est habitée par le continent africain et appelle à la résistance par l’art, les mots et la musique. Résister pour ne pas se laisser définir par qui que ce soit. Résister pour ne pas se faire assimiler.

L’album raconte sans faux semblant, avec honnêteté, de façon crue et dure. Il y a les femmes de sa vie : sa fille, la mère de sa fille et son nouvel amour déflagration,mais aussi ses combats, ses erreurs. Il pardonne, mais aussi demande pardon,tel un homme qui a atteint l’âge de la maturité. Parce qu’à quarante ans, on comprend mieux la vie … sa vie.

Bref, impossible de ne pas aimer 137 Avenue Kaniama

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