RIDM 2019: «Pas d’or pour Kalsaka» de K. Michel Zongo

Présenté à Montréal dans le cadre des Rencontres internationales du Documentaire de Montréal (RIDM), le film Pas d’or pour Kalsaka raconte les déboires d’une petite communauté du Burkina Faso qui s’interroge sur les retombées de sa ruée vers l’or.

Sorti cette année, ce long métrage de 80 min (en français et en mooré) braque les projecteurs sur le sort peu enviable de ces communautés du sud qui rêvent d’un meilleur avenir grâce à l’exploitation des richesses souterraines.

C’est l’histoire de ce petit village d’agriculteur, Kalsaka, qui voit arriver un jour une entreprise étrangère, avec la bénédiction du gouvernement, pour exploiter une énorme mine d’or à ciel ouvert. Fini les petites et les grandes plantations ancestrales. Place, croit-on, au développement économique, avec constructions d’hôpitaux, de rues, d’écoles.

Construite en juin 2006, la mine devait produire pas moins de 18 tonnes (!!!) en 10 ans. Il aura suffi d’à peine six ans pour que le projet tombe à l’eau. Certains témoins sont d’ailleurs d’avis que les évaluations sont largement sous-estimées.

L’engouement suscité au début a fini par céder la place à la rancœur et à l’incrédulité. Après tant de tonnes d’or exploitées, rien n’a changé. Pire, les agriculteurs n’ont plus de terre. Les travailleurs d’hier n’ont plus rien. Il n’y a pas plus de routes et d’infrastructures. Même l’eau est polluée.

Les gens s’interrogent sur ce qui leur est arrivé. Comment ont-ils pu être autant bernés.

Plusieurs remettent en question le rôle de l’État qui a laissé tout faire, sans s’assurer d’avoir des garanties suffisantes. Les images de terres arides détonnent avec les discours de grandeur qui prévalait à l’inauguration.

« Tout est dangereux », raconte un ex-employé parlant notamment des mélanges chimiques qu’il a dû manœuvrer pendant qu’il œuvrait à la mine: «Chaque jour, il faut mélanger une tonne de cyanure, trois-deux bidons d’acide chlorhydrique, de la soude caustique».

Avec pédagogie, le cinéaste K. Michel Zongo démontre les risques du jusqu’au-boutisme du développement économique, d’un certain néo-libéralisme qui se fait sur le dos de dizaines et même de centaines d’innocents.

En même temps, il s’interroge sur le rôle de l’État, au moment où plusieurs revendiquent que les gouvernements sont moins interventionnistes.

En outre, certains apprécieront particulièrement le clin d’œil western du réalisateur emprunté à tous ses films américains sur la ruée vers l’or dans le Far West américain, symbolisé par trois cavaliers/cowboys. Sauf que Kalsaka n’est jamais devenu (et ne deviendra peut-être jamais) San Francisco…

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