RIDM 2019: « La mer entre nous » de Marlene Edoyan

Le long métrage La mer entre nous de la cinéaste québécoise Marlène Edoyan s’intéresse au Liban, un pays profondément divisé, partagé entre passé douloureux et envie d’un futur plus prometteur. Il a été présenté à Montréal dans le cadre des RIDM.

Le documentaire de 102 minutes, en arabe, se concentre sur les tribulations de deux femmes fortes que tout semble séparer et unir en même temps. D’un côté, Hayat Fakhereldine et de l’autre, Wafaa Khayrallah, deux libanaises qui vivent à Beyrouth.

Dans ce pays où quinze années de guerre civile ont laissé des traces, les anciens ennemis vivent côte à côte. Si certains protagonistes préfèrent se tourner vers l’avenir, d’autres restent plongés dans l’angoisse et les douleurs du passé.

Hayat est musulmane et Wafaa est chrétienne. Le passé, elles s’en rappellent, malgré la réconciliation décrétée par les politiques. Il y a peut-être seulement une forte aspiration féministe qui les définit et façonne leur raisonnement.

Alors que l’arrivée des Palestiniens avait basculé hier ce petit pays dans une guerre extrêmement sanglante et coûteuse, c’est la situation en Syrie aujourd’hui qui déclenche chez plusieurs des souvenirs douloureux.

Dans son film, Marlene Edoyan filme une des scènes sans doute les plus dures. Ali, le neveu d’Hayat est devenu un martyr dans la guerre contre le groupe armé État islamique. Son père et sa mère s’expriment sur ce départ et Hayat ne peut que craquer. Que vaut le sacrifice d’un jeune homme ?

C’est aussi la question que se pose Wafaa en pensant à tous ses frères d’armes phalangistes qui sont morts au combat en voulant préserver la place des chrétiens dans un pays où toutes les religions se côtoient depuis des temps immémoriaux.

On est aussi témoin de la campagne électorale de 2018, la première en neuf ans en raison du contexte conflictuel entre deux camps (pro et contre le régime syrien de Bachar el-Assad), non sans compter sur la présence et le poids politique du Hezbollah.

Reste que, comme souvent, c’est parfois la génération d’après qui est la plus susceptible de tourner la page,  à l’image du fils de Wafaa qui s’exprime souvent en anglais (contrairement à sa mère qui privilégie le français lorsqu’elle ne parle pas arabe) et qui a tendance à rejeter tout le discours pro-guerre et pro-division. La scène d’ouverture du film où l’on voit le fils s’opposer à la leçon de tir en est l’exemple le plus patent.

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