Essai: « La pensée blanche » de Lilian Thuram

Publié aux éditions Mémoire d’encrier, au Québec, l’essai coup de poing La pensée blanche de Lilian Thuram propose une déconstruction de la question raciale qu’il résume en une phrase dans le sous-titre: « on ne naît pas blanc, on le devient ».

Après une brillante carrière dans le soccer, en club comme en sélection, l’ancien joueur Lilian Thuram a définitivement fait le pari de l’engagement en mettant en place une fondation dont la mission est l’éducation contre le racisme. Fort de plusieurs ouvrages, dont Mes étoiles noires (Éditions Philippe Rey, 2014), il s’attaque maintenant à un autre défi de taille: la question du privilège blanc, et ce, en essayant de comprendre ses fondements dans les sociétés occidentales.

« Qu’est-ce qu’être blanc ? Plus qu’une couleur de peau, n’est-ce pas plutôt une pensée ? Qui sont ceux qui l’ont inventée, et pourquoi ? »

D’abord, il faut savoir que l’ouvrage de 320 pages est truffé d’innombrables références contemporaines (Achile Mbembe, Souleymane Bachir Diagne, Reni Eddo-Lodge) que historiques comme Frantz Fanon, Aimé Cesaire, Voltaire, Clemenceau, Jean-Paul Sartre pour ne citer que ces auteurs-là.

Le propos est dense, mais clair et la réflexion reste bien argumentée et même sans équivoque parfois pour tenter d’expliquer une notion finalement simple. On est tous des humains.

Évidemment, l’auteur a anticipé les réactions. Lilian Thuram a tenu à préciser que son livre n’a pas vocation à culpabiliser ou accuser, mais au contraire, l’objectif est « de comprendre les mécanismes à l’œuvre, d’en prendre conscience pour construire de nouvelles solidarités ».

Par exemple, il tire à boulets rouges sur le concept de racisme anti-Blancs. « Citez-moi un pays au monde où il y aurait des courants politiques qui incitent à violenter les Blancs ? » expose l’auteur en préambule de ce thème.

Puis, il va plus loin. « Ce dont je suis sûr, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui le racisme anti-Blancs dans notre société n’a jamais empêché un Blanc d’avoir un logement, un travail, de circuler dans l’espace public en ayant peur qu’un simple contrôle de police se termine mal pour lui, parce que « blanc ».

Né en Guadeloupe en 1972, Lilian Thuram a tout gagné pendant sa carrière de footballeur. Avec la France, il a été champion du monde en 1998, champion d’Europe en 2000 et même vice-champion du monde en 2006. Il se sert d’ailleurs de son histoire et son vécu pour illustrer certains propos dans son livre.

Avec son ouvrage Mes étoiles noires (Philippe Rey, 2010), on lui a décerné le prix Seligmann contre le racisme. En plus d’être docteur honoris causa en sciences humaines des universités de Stockholm en Suède et de Stirling en Écosse, il s’est vu décerner le Prix de l’éthique de la Fondation Kéba-Mbaye au Sénégal en 2014.

Lilian Thuram est aussi l’auteur de Manifeste pour l’égalité (Autrement, 2012) et Notre histoire (Delcourt, 2014 et 2016). Par ailleurs, il a été commissaire général de l’exposition Exhibitions. L’invention du sauvage, au musée du Quai-Branly en 2011.

Pour en savoir plus:

?Fondation Lilian Thuram-Éducation contre le racisme

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