Vues d’Afrique: notre avis sur le film « Le chemin du Paradis »

Du 9 au 18 avril, plus de 150 films sont à découvrir au Festival international de cinéma Vues d’Afrique, dont une centaine accessible gratuitement. Parmi les productions, celle de Wahid Sanouji, Le chemin du paradis, a retenu notre attention.

Ce long métrage prend place à Amsterdam et suit la descente aux enfers de Najib, jeune hollandais d’origine marocaine qui va voir sa vie bouleversée du jour au lendemain suite à un problème familial.

Jeune diplômé en droit et s’orientant pour intégrer un cabinet d’avocats, Najib a tout pour être heureux. Amoureux d’une étudiante hollandaise, tout comme lui en droit, il souhaite la présenter à sa famille afin d’officialiser leur relation définitivement.

Seulement le moment est mal choisi puisque lors de leur arrivée, ils assistent impuissants à l’arrestation du grand frère de Najib, Saïd, pour trafic de drogues.

La famille de Najib, composée de la mère, femme de ménage; du père handicapé dans une chaise roulante et du plus jeune frère de Najib, va voir son quotidien se dégrader petit à petit.

Au chômage, car personne ne l’accepte dans un cabinet d’avocat, séparé avec sa petite-amie, Najib se morfond en raison de la situation de son frère et de sa famille qui se désunit petit à petit.

Najib va alors faire une rencontre: Brahim qui va lui apprendre et lui faire comprendre qu’il existe vers le chemin du paradis. Dès lors, le spectateur suit l’évolution de Najib, un garçon éduqué, avec des valeurs inculquées par ses parents et un équilibre amoureux, se diriger vers un côté sombre et radicalisé.

Certains pourront penser qu’il s’agit d’un énième film sur le terrorisme et l’endoctrinement que peut subir un jeune fragilisé par les aléas de la vie. Ce qui n’est pas entièrement faux.

La force de ce film s’oriente sur deux points essentiels. La première est la qualité du réalisateur Wahid Sanouji de réussir à mettre en lumière la détresse d’une famille et ses comportements qu’un drame peut engendrer dans la vie de chacun personnellement et mutuellement.

À travers ce film, nous voyons comment assez simplement, il est possible de faire basculer une personne, de la faire se questionner et de la pousser à faire l’irrémédiable pour le bien. Ici, rien de bien surprenant dans les étapes, mais Wahid Sanouji filme terriblement bien les silences, ces moments de réflexion de Najib, ces moments où le spectateur le voit se renfermer et devenir l’opposé de ce qu’il était quelques semaines auparavant.

Que ce soit Najib, la mère, le père ou même le frère dans sa cellule de prison, leur pouvoir d’attraction à l’écran est omniprésent. Ils sont mis en valeur par les yeux de Wahid Sanouji. L’évolution des liens unissant chacun dans la famille va être mise en avant avec une scène particulièrement intense entre Najib et son père et témoigne de la fissure qui s’est créée entre les deux personnages.

Le deuxième élément est le jeu juste de ses acteurs avec une mention spéciale à Aziz Azakim (Najib) et Rachida Laallala (la mère de Najib) qui sont bouleversants et impressionnants.

Les dernières minutes du film sont d’une intensité rare, sans artifices. En filmant simplement, Wahid Sanouji réalise un conte désenchanté qui marque et interpelle. La colère et la tristesse rendent vulnérable. Le réalisateur marocain le prouve et l’illustre avec efficacité.

Bref, c’est un film à découvrir, car précieux à notre époque que ce soit pour comprendre une radicalisation, mais aussi les causes et effets que cela peut engendrer avec la famille et les proches.

  • Le chemin du paradis
  • Réalisateur: Wahid Sanouji
  • Acteurs/ Actrices : Rachida Laallala   –  Aziz Akazim   –  Titia Hoogendoorn   –  Chems Eddine Amar   –  Mamoun Elyounoussi   –  Hakim Traidia   –  Frederik de Groot   –  Thomas Wanders   –  Meriyem Manders

Programmation Vues d’Afrique 2021: vuesdafrique.org

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