Présenté en première mondiale au dernier Festival des Films du Monde de Montréal, le film Dégage du réalisateur Mohamed Zran retrace l’éclosion de la révolution dans le monde arabe le 17 décembre 2010. Le cinéaste tunisien (Le chant du millénaire, Vivre ici, le prince) était de passage à Montréal pour l’occasion. Retour sur la rencontre.
« L’immolation de Mohamed Bouazizi devant le siège du Gouvernorat de Sidi Bouzid déclenche un véritable vent de révolution dans le pays et bientôt dans d’autres pays arabes. »
Ce qui a débuté comme un geste isolé de désespoir a vite pris une tournure politique. Des slogans tels que « dissoudre la constitution est un devoir » font leur apparition, et les réseaux sociaux s’en trouvent massivement exploités. D’après les contestataires, il s’agit d’une exaspération contre l’expropriation des terres, les abus de pouvoir et les pots de vin.
Les précurseurs déclaraient que les manifestations étaient spontanées pour leur éviter des arrestations. Ironiquement, la peur d’éventuelles représailles a renforcé davantage leur détermination.
La révolution semble alors inévitable et l’accumulation des tensions accentue le mouvement de résistance. Par effet de contagion, d’autres villes se soulèvent, puis d’autres pays.
En entrevue avec Touki Montréal, le cinéaste Mohamed Zran, à la fois à la réalisation et au scénario, a indiqué que la révolution n’est pas prête de s’essouffler, évoquant les récentes manifestations étudiantes au Québec ou encore le mouvement « Occupy Wall Street ».
Le terme « Dégage » est devenu un symbole magique, a expliqué M. Zran. Ce dernier l’a adressé à « ceux qui menacent les libertés d’expression, de religion, de culte, à ceux [qui sont] contre les artistes et les intellectuels ».
Titulaire d’un diplôme d’études supérieures cinématographiques de l’ESEC à Paris, Mohamed Zran a réalisé les documentaires Le chant du millénaire et Vivre ici, puis le long métrage de ficton Le prince avant de se consacrer à Dégage.