M’appelle Mohamed Ali au FTA: contrer la mauvaise foi

Occupée plus jamais, mais heureuse de faire ce qu’elle aime, la comédienne Tatiana Zinga Botao a bien voulu répondre à nos questions, non sans défendre le talent des artistes noir(e)s, quelques heures avant la première au FTA de la pièce M’appelle Mohamed Ali, dont elle est derrière la mise en scène.

C’est son ami et complice Philippe Racine qui lui a fait découvrir ce texte de Dieudonné Niangouna, dont elle louange les qualités et ne dit que le plus grand bien. « C’est le plus grand dramaturge» du Congo, résume celle qui est titulaire d’une maîtrise en journalisme et qui vit plus que jamais de sa passion pour l’art.

Si ses débuts dans l’industrie artistique n’ont pas été faciles, Tatiana Zinga, comme la reine congolaise Nzinga, a dû se battre pour se faire une place dans un monde hautement concurrentiel. Elle se décrit d’ailleurs comme une femme forte, comme tous les Congolais, « un peuple fier et fort ».

Aujourd’hui, souligne-t-elle, « ça marche bien ». En 2017, elle a d’ailleurs fondé avec Lyndz Dantiste le Théâtre de la Sentinelle qui a l’ambition de diversifier le visage culturel du Québec. En plus des deux membres fondateurs, s’est ensuite ajouté Philippe Racine à la direction artistique.

C’est dans ce contexte que la pièce M’appelle Mohamed Ali a été programmé trois soirs pendant le Festival TransAmériques (FTA), puis du 6 au 21 septembre, au Théâtre de Quat’Sous. C’est une œuvre écrite par Dieudonné Niangouna, né le 13 février 1976 à Brazzaville au Congo, pour son ami, Étienne Minoungou.

Pour l’ensemble de ses ouvrages dramatiques, l’auteur congolais a reçu l’an dernier, le Prix du Jeune Théâtre Béatrix Dussane-André Roussin, remis annuellement par l’Académie française en 1983 pour récompenser un jeune auteur dramatique.

Dans sa pièce M’appelle Mohamed Ali, le dramaturge parle d’un Africain qui s’apprête à prendre le rôle de Mohamed Ali, le célèbre boxeur américain qui a aussi milité fortement contre la ségrégation raciale. « Être Africain et en faire le choix – si l’on peut – ; en porter l’identité fièrement comme on porterait un drapeau ; accomplir un acte de résistance personnel ou collectif sans se départir d’une grande ironie », explique-t-on.

L’adaptation proposée par le théâtre la Sentinelle comporte neuf interprètes afrodescendants. C’était important qu’il en soit ainsi, a martelé Tatiana Zinga Botao, en entrevue, dénonçant sans détour l’invisibilité des comédiens noirs tout en se faisant l’avocate d’une nécessaire pluralité de la scène.

De son avis, il est important de déconstruire le mythe selon lequel, il n’y aurait que peu d’artistes « noirs » ou de la diversité. Non seulement il y en a beaucoup, martèle-t-elle, mais en plus, ils sont très différents et ne peuvent donc pas toujours être cantonnés au même rôle.

La comédienne n’hésite pas à parler de « paresse » de la part de certains et va plus loin en qualifiant ce prétexte de « mauvaise foi ». Elle rappelle à juste titre que la société actuelle, montréalaise et québécoise, en est une plurielle, diversifiée.

M’appelle Mohamed Ali est cependant un texte universel qui s’adresse cependant à tout le monde, Noirs ou Blancs, insiste Tatiana Zinga Botao. Elle résume le propos en parlant d’une comédie qui se questionne sur l’identité.

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