Législatives 2012 : Politiciens et médias ont devancé l’administration congolaise

La campagne des législatives du 15 juillet a officiellement démarré le 29 juin, au Congo Brazzaville. Pourtant, depuis fin mai, le pays vit au rythme des campagnes prématurées orchestrées par des politiciens et des médias à leurs ordres. Au mépris de la loi électorale.

Syfia International

Ce 29 juin, la campagne des législatives du 15 juillet a officiellement démarré au Congo Brazzaville. Elle s’arrêtera le 13 juillet à minuit. Toutefois, depuis fin mai, le pays vit au rythme des campagnes prématurées. « Votons pour X ! »… « Merci à Y pour ses réalisations ! »… Des banderoles fleurissent dans les rues et ruelles de Pointe-Noire et dans d’autres localités du pays. Des militants s’affichent avec des T-shirts à l’effigie de leurs leaders politiques, etc.

En toute illégalité et au grand dam de plusieurs observateurs. « Grande est ma tristesse de constater que, dans un pays qui se veut Etat de droit, des politiciens n’ont pas attendu le 29 juin, conformément à la loi électorale », déplore Antoine Mboungou, juriste.

Cette loi interdit en effet de battre campagne avant le lancement officiel de cette dernière. Quant aux médias, ils ne sont en principe pas autorisés à parler des candidats avant le début de la campagne.

Avant le 29 juin, certains politiciens très actifs tentaient de se justifier. « Nous ne sommes pas en campagne. Nous ne faisons que présenter nos futurs candidats », soutenait, par exemple, Bernard Tsika, coordinateur à Pointe-Noire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), un parti d’opposition.

Quant à ce membre de la majorité présidentielle qui a requis l’anonymat, il expliquait que des campagnes avant les dates officielles ne sont pas seulement constatées au Congo : « Même en Europe, c’est depuis deux ans que Sarkozy et Hollande étaient en campagne. Alors, pourquoi voulez-vous que ce soit un drame pour nous ? » Plus mesuré, Valentin Tchibota Goma, secrétaire général du Mouvement action et renouveau (MAR), parti de la majorité présidentielle, trouve, lui, que « cette pratique n’avance en rien notre démocratie ». Selon lui, le fondement d’une démocratie commence par le respect des lois de la nation.

« L’infatigable député… »

L’administration se dit, elle aussi, favorable au strict respect des textes. « Si nous constatons des cas de campagne précoce nous en informerons l’administrateur-maire de notre arrondissement », promettait Dominique Malonga, chef du quartier 317 au troisième arrondissement Tié-Tié, au sortir d’une réunion en mai dernier avec le maire central de Pointe-Noire, Roland Bouiti-Viaudo. A charge ensuite aux autorités municipales d’interpeller et de sanctionner au besoin.

Pour sa part, la société civile engagée dans le processus électoral a plaidé pour la disqualification des candidats violant la loi. « Chacun devrait appliquer les textes. Ils interdisent la campagne précoce. Notre démocratie gagnerait ainsi en crédibilité », a martelé Georges Nguila, représentant à Pointe-Noire de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH). La loi électorale prévoit, en effet, une disqualification des politiciens candidats avant l’heure et un emprisonnement allant d’un mois à un an et une amende de 200 000 à 2 millions de Fcfa (de 300 à plus de 3 000 €) à tout journaliste ou responsable de médias qui relaierait cette propagande.

Car, avant le 29 juin, des candidats, pour mieux se faire entendre, ont utilisé journaux, radios, télévisions, Internet. « L’infatigable député qui ne fait jamais les choses à moitié », disait, par exemple, dans un dossier spécial, le 13 juin dernier, un journaliste d’une télévision privée locale. L’élément a été ensuite diffusé dans plusieurs autres chaînes de télévision privées et publiques de la place…

« Conscientiser avant de sanctionner »

C’est dire si les séminaires semblent avoir une portée limitée… A l’image de celui sur « le monitoring des médias en période électorale », organisé début juin par le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) pour une dizaine de journalistes de médias publics et privés. « En tant que médias, nous ne devons pas relayer la propagande électorale avant l’heure. La campagne ne s’ouvre que 15 jours avant la date du scrutin », a pourtant rappelé, à cette occasion, Jacques Bananganzala, ancien président du CSLC.

Leçon tout de même apparemment intériorisée par certains médias. « Nous nous efforçons de respecter les directives du CSLC. Nous n’avons pas encore enregistré de fausse note », se félicitait, par exemple, Joachim Delove, superviseur de DVS+, télévision et radio privées de Pointe-Noire.

Mais, d’autres « organes ont continué à s’entêter », selon un membre du CSLC de Brazzaville joint au téléphone fin juin dernier. C’est pourquoi, a-t-il expliqué, Jacques Bananganzala, a encore récemment conscientisé les organes de la capitale. « Nous conscientisons avant de sanctionner », a rapporté cette source.

Maintenant que la campagne a officiellement commencé, reste à savoir si candidats et médias seront plus respectueux des différentes dispositions de la loi électorale. Et si ceux qui enfreignent les règles seront réellement sanctionnés ou pas.

Par John Ndinga-Ngoma

Photo : Flickr

1 COMMENTAIRE

  1. Salut chers amis. Je suis très heureux que vous ayez repris mon article intitulé Politiciens et médias ont devancé l’administration. Entre temps, je voudrais au nom du CRP/Syfia et en tant qu’auteur de l’article, préciser que les deux photos que vous avez utilisées pour illustrer l’article ne sont pas de Syfia/CRP.

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