Jeunes sans avenir : une bombe à retardement

Trop de jeunes des pays des Grands lacs sont désespérés. Ils estiment qu’ils n’ont ni avenir, ni place aujourd’hui dans la société qui ne s’occupe pas d’eux. Le chômage, massif dans la région, est au cœur du problème. En RD Congo, 85 % de la population en âge de travailler est sans emploi et vit d’expédients.

Dans l’espoir de trouver ensuite un travail, les jeunes sont de plus en plus nombreux à aller à l’université, parfois poussés par le gouvernement comme au Rwanda. Mais, à la fin de leurs études, ils vont trop souvent grossir les rangs des demandeurs d’emploi, et cela pendant parfois des années.

Jeunes Découragés d’avoir travaillé en vain pour décrocher des diplômes qui ne leur ouvrent aucune porte, certains se résolvent à faire de petits métiers : vendeurs de rue, taxi-motos… Tout comme ceux qui, notamment au Burundi, ont peu ou pas été à l’école, ils font des boulots qui leur permettent à peine de survivre surtout dans les grandes villes.

Vivre autonomes, se marier, élever des enfants… Autant de rêves pour la plupart des jeunes citadins. Et dans les campagnes si pauvres, rares sont ceux qui savent quoi faire pour améliorer leur sort. Beaucoup ont le sentiment d’être méprisés par la société et oubliés par leurs gouvernements. Faute de mieux, à Matadi, certains se tournent vers des assemblées religieuses.

Face à tant d’obstacles et sans moyens de gagner honnêtement leur vie, certains, filles comme garçons, cèdent à la tentation. Ils se lancent dans des escroqueries, dans la prostitution ou vont gonfler les effectifs des groupes armés et des milices des politiciens… Dans tous ces pays qui, pendant des années, ont connu la guerre, les détournements d’argent à grande échelle et la corruption dès l’école primaire, les jeunes sont désorientés. Ils manquent de modèles positifs qui les aideraient à se structurer et à trouver leur voie.

Peu estiment qu’ils ont un rôle à jouer dans la société. C’est le cas toutefois des parlements de jeunes de Butembo et de Goma, qui parviennent à faire réagir les autorités. Toujours au Nord-Kivu, d’autres refusent d’intégrer les groupes armés. Dans la nouvelle génération, les plus dynamiques ont compris, notamment à Kinshasa, qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour bâtir leur avenir sans l’aide des banques ou des pouvoirs publics.

Mis à part quelques touches, le tableau est donc plutôt sombre… Attention ! La patience a ses limites : une jeunesse sans espoir est une bombe à retardement qu’il est urgent de désamorcer.

Par Marie-Agnès Leplaideur

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