Congo: étudiantes et commerçantes

Poussées par leurs parents, des jeunes filles de plusieurs collèges ou lycées étudient et vendent à la récréation jus ou gâteaux, à Dolisie, au Congo, et ce, avec la bénédiction des responsables des établissements en question.

Congo-Brazza-FlickrElles portent de petites glacières ou de petits pots en plastique contenant des jus de bissap et de gingembre ou des gâteaux… Dans les lycées et collèges de Dolisie, aux heures des recréations, nombreuses sont les jeunes filles à exercer un petit commerce.

« Certaines d’entre nous arrivent ainsi à avoir en permanence de l’argent pour payer les travaux dirigés ou assurer leurs déplacements en bus de la maison à l’école. Je fais ce commerce depuis 2010 et je n’ai pas repris une seule classe« , explique Urbaine Pambou Boukandou, élève de seconde au lycée Victor Sathoud de Dolisie et vendeuse de jus de bissap.

Dorcia Poungui, une autre élève du même établissement, ajoute : « Mon petit commerce m’a permis d’acheter le roman ‘L’Etranger’ d’Albert Camus, un des livres de notre programme scolaire. »

Ces petits commerces sont encouragés par certains parents et rendus possibles par des responsables d’écoles. « Les élèves ne dépendent ainsi que de temps en temps financièrement des parents et elles ont en permanence de l’argent de poche. Voilà pourquoi nous leur remettons un peu d’argent pour entreprendre ces petits commences« ,justifie Clarisse Dikambi, la maman d’Urbaine.

D’abord les études

Même tolérance chez Jean Félix Bivihou, directeur du complexe scolaire Souenet II de Dolisie : « D’un commun accord avec le bureau des parents d’élèves, nous avons jugé utile de libéraliser cette activité pour que les enfants vendent pendant la récréation. » Daniel Moukoko, surveillant général au lycée Victor Sathoud, n’y voit, lui non plus, rien à redire : « Nous paressons indulgents, voire impuissants, car l’enfant peut venir vous dire qu’avec ce commerce elle peut payer ses travaux dirigés. »

Mais, ces élèves réussissent-ils aussi bien que les autres ? A en croire certains, oui. « Avec ma compagne, nous nous sommes connus quand elle était en 3e. Aujourd’hui, elle est en terminale. Elle n’a pas repris une seule classe et continue de vendre ses gâteaux madeleines« ,constate, admiratif, le compagnon de Carène Goma. Jean Félix Bivihou confirme : « Ces enfants réalisent de bons résultats scolaires. Leurs commerces ne les gênent en rien. »

Universite Marien Ngouabi-01Ce à quoi certains font tout de même remarquer que les élèves ne sont pas égaux face à ces petits boulots… Ainsi, la plupart du temps, seules les filles exercent un petit commerce dans les écoles.

Les garçons ne se sentent pas concernés ou ne sont pas encouragés à la faire par leurs parents… Par ailleurs, certaines élèves n’arrivent pas à cumuler études et travail et finissent par abandonner l’école pour, disent-elles, gagner plus d’argent.

D’où l’intérêt de se consacrer d’abord à ses études pour avoir au moins son bac et ensuite seulement exercer un petit commerce.

Une ancienne étudiante en Sciences et techniques de la communication (STC) de l’Université Marien Ngouabi, aujourd’hui journaliste, explique sous anonymat : « Quand j’étais à la fac, je vendais de l’arachide. Grâce à ces petites recettes, j’ai supporté en partie mes études jusqu’à l’obtention de ma licence. »

Par Max Ferhynel Poudi

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