Opération séduction réussie pour Emel Mathlouthi aux FrancoFolies

La chanteuse Tunisienne Emel Mathlouthi s’est produite le 14 juin au soir sur la scène du Gesù, dans le cadre des 25es FrancoFolies de Montréal.  Pieds nus, ce petit bout de femme a fait son effet dès les premières notes, avec sa voix sensuelle et rauque.

Sa guitare à la main, elle a enchaîné les titres avec beaucoup de simplicité. Une simplicité qui détonnait radicalement avec son charisme et sa force vocale. Elle a souligné d’ailleurs les cantatrices que le monde arabe a connues il y a plusieurs années de cela.

Emel MathlouthiBien que malade, la Tunisienne a offert un spectacle de qualité. Tantôt appliquée face à son micro, souvent complice avec ses musiciens et dansant parfois avec frénésie, Emel a fait rapidement oublier les premières toux de ce début de concert.

Difficile de classer son style musical. Les mots qui viennent en tête à l’écoute de ses morceaux sont : tragique, romantique, pop, oriental, andalou, classique, moderne… Bref, la chanteuse est parvenue à faire ce que beaucoup de ses confrères rêvent de réaliser : briser les carcans de la classification musicale.

Artiste engagée, ses chansons le sont tout autant. C’est ainsi que le public a (re)découvert son intérêt pour les personnes qui n’ont pas peur de se battre contre un ordre établi ou toute autre forme d’oppression, et son admiration pour la combativité des femmes tunisiennes.

Ya Tounes Ya Meskina (Pauvre Tunisie) est l’un des titres les plus représentatifs de son engagement. L’interprétation de sa chanson Libertà a été sans conteste le point culminant de la soirée. Selon elle, les paroles, la création et l’écriture sont libératrices, car « écrire c’est résister ». Nous voici face à une fabuleuse mise en abyme. La beauté des mots a sans doute échappé à une grande partie du public, mais Emel su partager l’émotion, comme en atteste la salve d’applaudissements qui suivit.

EMel« Écrire c’est résister »

Emel Mathlouthi

Très proche de son public, elle s’est accordé des pauses entre les morceaux afin d’en expliquer le sens aux personnes qui ne comprenaient pas l’arabe. Délicate intention, fortement appréciée par les francophones qui étaient majoritaires dans la salle.

Ancrée dans la réalité de ses paires, elle en devient l’une des porte-parole les plus entendues à travers le monde. Son art devient un pouvoir qu’elle use avec intelligence. En chantant dans les trois langues (arabe, anglais et français) son message passe plus facilement et ne laisse personne insensible.

Les moments forts se sont enchaînés tout au long de ces deux heures de spectacle. Deux heures qui ne se seront jamais écoulées aussi vite pour la plus grande déception du public.

EMel2Au menu de la danse, des youyous (cris de joie), des blagues et deux reprises : la première de Bjork et la seconde de Sinead O’Connor (In this heart).

La reprise de titre est un exercice périlleux qu’Emel a réussi avec succès. À l’écoute de ces choix, on comprend mieux les influences musicales qui ont pu jalonner le parcours de l’artiste.

Autre influence, celle des écrits de Gibran Khalil Gibran. Elle écrivit en effet à l’âge de 18 ans après la lecture de l’un des poèmes de ce grand homme.

À la fin du concert, après un standing ovation et un rappel qu’elle dédia au public, Emel toujours aussi débordante d’énergie a proposé de la rejoindre à l’entrée pour une séance de dédicace.

Opération séduction réussie, Emel Mathlouthi a tout d’une grande.

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