«Fonko»: un documentaire rafraîchissant sur la «révolution musicale panafricaine»

fonko-film«L’Afrique a tant de choses à offrir et pas seulement qu’aux Africains.» C’est ce qu’on pourrait retenir du documentaire Fonko, présenté en première canadienne lors du Festival Pop Montréal, au cinéma du Parc, le 21 septembre.

Dans ce film de 87 minutes, les trois documentaristes suédois Göran Hugo Olsson (The Black Power Mixtape 1967-1975, Concerning Violence), Daniel Jadama et Lars Lovén posent leurs valises dans plusieurs pays africains pour faire état de la «révolution musicale panafricaine».

Le kuduro en Angola, le kwaito en Afrique du Sud ou encore le hip-hop, l’électro-house ainsi qu’une multitude de fusions musicales au Sénégal, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana ou au Nigeria… La musique émergente en Afrique marie de façon décomplexée tradition et modernité, sans perdre de vue son énorme pouvoir politique et social.

Des artistes africains créatifs et ouverts sur le monde

«Fonko» (qui veut dire «la chose» en mandé ou «prendre soin de l’autre» en wolof) est un collage de témoignages d’artistes audacieux et influents dans leurs pays, d’images d’archives, d’extraits de vidéoclips, de performances et d’éléments de design topographique.

Le fil conducteur de ce documentaire original et éclaté est une narration à saveur anticoloniale du célèbre musicien nigérian Fela Kuti, le père de l’afrobeat.

«Dans le passé, nous ne chérissions pas notre musique, notre culture. Quand j’étais petite, je ne voulais pas être noire. C’est avec cette idée qu’on grandit [au Nigeria]. Tu vois des personnes blanchir leur peau et raidir leur chevelure parce qu’ils veulent devenir Caucasiens», a relaté de façon très lucide la pétillante artiste nigériane Nneka.

Comme on peut le voir dans le documentaire, cette «révolution musicale panafricaine» a été rendue possible grâce à des artistes jeunes et moins jeunes qui se sont réapproprié leurs cultures tout en essayant de s’affranchir de leur passé imprégné de colonialisme et d’un flagrant complexe d’infériorité face à l’Occident et aux pays colonisateurs.

De plus, grâce aux nouvelles technologies, ils peuvent produire plus facilement leur musique et la diffuser sur tout le continent, et dans le monde entier, justifiant par la même occasion le terme de «révolution musicale panafricaine».

Interviewée dans «Fonko», la journaliste Lerato Mbele souligne que de nombreux jeunes Africains reviennent dans leur pays après avoir séjourné à l’étranger. «Ils montent leurs entreprises, des écoles de films, de production de musique, des lignes de vêtements… Ils réalisent qu’ils représentent eux-mêmes le changement dans leur pays, pas les politiciens», explique la journaliste de la BBC, qui démonte par la même occasion les clichés habituels d’un continent moribond frappé par la pauvreté.

«En Afrique, on peut réussir!»

Tout au long du film, on peut donc voir de jeunes Africains dynamiques, ouverts sur le monde et à la créativité débordante. «En Afrique, on peut réussir!», «Moi j’ai une arme, c’est ma musique!», «On veut dénoncer les politiciens, les injustices et la corruption»… C’est ce genre de discours qu’on peut entendre tout au long du film. Sans oublier une citation de Fela Kuti qui reste bien ancrée dans les esprits: «La musique est l’arme du futur».

Certes, tout n’est pas toujours rose. Ces artistes doivent travailler fort pour se faire entendre et dénoncer les injustices. «Les choses n’ont pas changé pour les pauvres en Afrique du Sud parce que les pauvres sont toujours pauvres», regrette l’activiste et musicien sud-africain Hugh Masekala. Alors que d’autres galèrent pour vivre de leur art.

Mais quand on voit des musiques populaires comme le kuduro ou le kizomba qui ont largement dépassé les frontières de l’Angola ou encore le nombre de musiciens africains qui parviennent à se faire un nom sur la scène internationale, comme l’Ivoirien Alpha Blondy qui est interrogé dans le documentaire, on ne doute pas une seconde que la révolution musicale est réellement en marche.

«Fonko», 87 minutes, 2016. Réalisation: Göran Hugo Olsson, Daniel Jadama et Lars Lovén.

Bande annonce (en anglais):

 

 

Quelques artistes interviewés dans «Fonko»:

Nneka (Nigeria)

Spoek Mathambo (Afrique du Sud)

 

FOKN Bois (Ghana)

 

 

 

 

 

 

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