Rokhaya Diallo: une femme résolument engagée !

Photo: Mario Epanya

En visite à Montréal, dans le cadre du festival Mundial Montréal, la militante et figure de proue de l’anti-racisme, Rokhaya Diallo s’est confiée à Touki Montréal. L’occasion de revenir avec elle sur ses combats, son podcast et sur la notion d’appropriation culturelle.

Occupée plus que jamais, la chroniqueuse, éditorialiste, animatrice était à la veille de repartir de Montréal lorsqu’on l’a joint par téléphone.

Depuis dix ans, elle arpente les studios télé et les maisons d’édition avec son bâton de pèlerin. Lorsqu’on lui pose la question d’où tire-t-elle la force pour mener toutes ses luttes, elle répond que c’est parce que ce sont des combats qui lui tiennent à cœur.

«J’ai la conviction que les idées que je porte sont justes», confie-t-elle.

En octobre, Rokhaya Diallo a publié aux éditions Textuel La France tu l’aimes ou tu la fermes?, un ouvrage qui regroupe 55 de ses tribunes. Il suivait un autre livre Ne reste pas à ta place (Marabout), sorti en avril 2019.

On lui doit aussi Afro! paru aux éditions Les Arènes en 2015 et Racisme: mode d’emploi qu’elle a publié en 2011, chez Larousse.

Les combats que Rokhaya Diallo mène sont multiples: racisme, sexisme, islamophobie, détournement de la laïcité, harcèlement policier, mémoire coloniale, cultures populaires, etc.

Si elle se réjouit de voir en France l’arrivée de nouvelles idées et de nouvelles voix dans l’espace public, elle déplore toutefois que la situation ait empiré en près d’une décennie, notamment dans le discours public et politique où il y a une certaine banalisation.

En France, dit-elle, il y a toujours un déni sur tous ses sujets alors qu’aux États-Unis par exemple, «on en parle» et les sujets sont abordés.

Et qu’en est-il au Québec? Rokhaya Diallo estime qu’il y a parfois, ici, une tendance à «copier la France de manière analogique».

Rokhaya Diallo au Festival Mundial Montréal

La militante des droits de l’homme Angela Davis, «femme extrêmement puissante»; l’écrivaine et cofondatrice du mouvement Black Lives Matter Opal Tometi, qui «bouscule le discours dominant» ou encore l’écrivain sénégalais Felwine Sarr sont autant de modèles d’inspirations pour cette féministe convaincue.

De ce dernier, qui s’est fait le porte-voix du dossier de la restitution du patrimoine africain, Rokhaya Diallo n’avait que de bons mots et partage pleinement son avis que l’État français doit en faire plus à ce sujet.

Sur l’appropriation culturelle, un sujet qui a suscité un tollé au Québec, notamment avec la controverse SLAV, elle estime que c’est une « vraie question de prédation » sur lequel il faut débattre.

Elle a rappelé que c’était en quelque sorte tirer profit de la souffrance de gens qui ne sont pas sur scène. D’une part, il y a un capital économique et d’autre part, ceux qui font de l’appropriation culturelle pensent être très ouverts d’esprit en le faisant.

Outre l’écriture, Rokhaya Diallo s’est aussi lancée dans un projet de baladodiffusion (podcast) avec son amie Grace Ly. Produit par Binge Audio, Kiffe ta race s’est d’ailleurs retrouvé dans la très sélecte liste des meilleurs podcasts recommandés par Apple.

Si elle juge cette reconnaissance « super réjouissante », la principale intéressée n’explique d’ailleurs toujours pas le succès de cette baladodiffusion dont elle entend les louanges un peu partout dans le monde, notamment à Montréal.

Avec le chanteur et auteur HK, la chanteuse Awa Ly, elle a aussi participé à la création de Welcome Alykoum, « un spectacle assez complet » mêlant cirque, chant et musique.

Questions en vrac

  • L’artiste qu’elle écoute: Lizzo
  • Le dernier film qu’elle a vu: Sorry We Missed You  de Ken Loach
  • Le dernier livre lu: Le chat du rabbin de Joann Sfar
  • Des plans ? projet de documentaire en 2020

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