Aimé Césaire – même s’il n’est pas africain mais martiniquais – a été l’un des chantres de la Négritude. Ce mouvement prônait entre autres, à l’époque de la colonisation, l’affirmation du Noir. Pour la journée mondiale de la poésie, Touki Montréal vous invite à découvrir ou à relire ce long poème.
Au bout du petit matin…
Cette phrase revient tout au long de ce Cahier d’un retour au pays natal. A travers ses vers libres, Aimé Césaire dénonce l’état des Antilles. Ce poème, Aimé Césaire l’a écrit à Paris alors qu’il venait de finir l’Ecole normale supérieure. C’est donc d’abord l’expression d’un retour qu’il exprime. Mais surtout, l’auteur semble vouloir expier la douleur d’une terre et de celle de son peuple.
« Au bout du petit matin, la vie prostrée, on ne sait où dépêcher ses rêves avortés, le fleuve de vie désespérément torpide dans son lit, sans turgescence ni dépression, incertain de fluer, lamentablement vide, la lourde impartialité de l’ennui, répartissant l’ombre sur toutes choses égales, l’air stagnant sans une trouée d’oiseau clair. »
Aimé Césaire y dénonce aussi la violence de l’esclavage si proche et surtout des traitements subis par son peuple colonisé. Son écriture est empreinte d’une violence extrême sublimée par la poésie de ses vers.
On y retrouve aussi l’un des premiers emplois du mot Négritude. Lors de ses études à Paris, Aimé Césaire y rencontre le sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ils lancent aux environs de la seconde guerre mondiale ce concept de la Négritude. Valoriser « la culture noire », ce concept était une sorte de « racisme anti raciste » partagés par de nombreux intellectuels comme Jean-Paul Sartre.
Cahier d’un retour au pays natal est reconnu comme l’oeuvre fondamentale de cette génération. Un poème « unique, irremplaçable » comme le dit André Breton, poète surréaliste, dans la préface d’une édition de 1947. Autant dire qu’il s’agit d’une oeuvre indispensable.
Aimé Césaire est mort en Martinique en 2008 à l’âge de 95 ans.
A voir : Une vidéo de Fulgence Bla de Repere.TV qui parle de la poésie engagée.
Charles Mathon