Carnets d’un grand détour de Catherine Hébert

Carnets d’un grand détour, le dernier documentaire de Catherine Hébert a été présenté en première mondiale aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Grand Prix de la compétition nationale longs métrages, RIDM 2011, le film prend l’affiche dès le 6 avril au cinéma Excentris.

Marc Roger, un Parisien en proie à une crise d’existentialisme profonde, décide de retourner où tout a commencé, à la maternité de Bamako qui l’a vu naitre il y a plusieurs années.

De Saint Malo à Gibraltar et jusqu’à Bamako, à dos d’âne, il va également profiter de son voyage pour offrir 160 lectures à des gens qu’il ne rencontra probablement plus jamais dans sa vie. Pour quelle raison exactement? On ne le saura probablement jamais.

C’est là que rentre en scène la documentariste québécoise Catherine Hébert. Après De l’autre côté du pays en 2007, elle a décidé de suivre pendant près de huit mois, ce « griot blanc » d’un autre genre.

« À l’époque de la vitesse, choisir un âne dérange et aller à la rencontre de l’Autre à l’ère des rencontres virtuelles va à contre-courant. Et ce qui va à contre-courant est nécessairement provocateur », expliquait la cinéaste qui n’a pas réfléchi longtemps avant d’entreprendre la route, contrairement à son « personnage » qui aura mis quatre ans à s’organiser.

« Le programme était vague, mais dans de pareilles affaires, l’essentiel est de partir. M’y voilà donc. J’étais parti », écrivait-elle encore.

Pendant 94 minutes, le spectateur contemplera quelques-uns des magnifiques paysages que les deux protagonistes ont captés. Avec sa voix, off, Catherine Hébert va tenter de remettre chaque image dans son contexte.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=xjuEBaJ-5NQ[/youtube]

Comme dans tout road movie, ce sont les rencontres, inédites, qui font le plus de bien. Celle du patriarche marocain, qui n’a jamais quitté son kilomètre carré (tout comme la mère de la cinéaste), est sans doute l’une des scènes les plus fortes du film.

Et pour cause, il s’agit de la rencontre entre une de ces statues vivantes de la terre, qui se contentent du peu qu’ils ont, et de deux nomades modernes, qui donnent l’impression pourtant d’avoir tout dans leur pied carré.

«  Se laisser transporter au gré des rencontres », voilà le résumé que la cinéaste fait de son film

En réalité, Carnets d’un grand détour est le croisement de deux trajectoires, celle du Sud qui s’en va cherche l’espoir au Nord, et celle du Nord qui s’en va chercher la clef de l’existence au Sud.

Et si dans le premier cas, le chemin est plus ou moins clair, il arrivera toujours dans le deuxième, un élément extérieur, qui vous fera, peut-être, revenir sur vos pas, ou encore pire, retourner en arrière…

Avant Carnets d’un grand détour, Catherine Hébert avait réalisé Thé à l’ambassade (2003), Des mangues pour Charlotte (2004), Voici l’homme (2005), Le visage que j’avais (2005), et enfin De l’autre côté du pays (2007).

1 COMMENTAIRE

  1. Paris, le 20 novembre 2011

    Bonjour Touki Montréal,
    Bonjour Catherine Hébert,

    Ici, « le parisien en proie à une crise d’existentialisme profonde ».
    Je cite le début de votre article.

    Celle-là, on ne me l’avait encore jamais faite !!!

    Si c’est ce qui ressort du documentaire de Catherine Hébert, les bras m’en tombent.

    Pour information, je suis lecteur public et depuis 20 ans j’essaie de promouvoir la littérature d’où qu’elle provienne et ce, auprès des publics les plus divers, en France et à l’étranger.

    Le moteur de mon projet était professionnel.

    Il s’avère que je suis né à Bamako et que cette destination ajoutait du sens à ma démarche. Mais en aucun cas, ce fut une déprime à l’origine de ce retour aux sources. Bien au contraire !

    Ce projet bénéficiait du partenariat de l’Unesco et on n’a jamais vu l’Unesco soutenir « un parisien en proie à une crise d’existentialisme profonde ».

    Le parti-pris mélo de Catherine Hébert n’engage qu’elle.

    Elle a fait le choix de ne montrer aucune des dizaines de lectures faites en public autour d’auteurs tels que : Amadou Hampâté Bâ, Fatou Diome, Amos Tutuola, Emmanuel B.Dongala, Alain Mabanckou et bien d’autres, qui lui aurait donné l’occasion d’une mise en perspective géopolitique essentielle pour les spectateurs de son documentaire.

    Le corpus littéraire africain est riche et mon travail a été de le faire savoir auprès du plus grand nombre. Sachez que mes rencontres ont été joyeuses. Que le public fut chaque fois au rendez-vous, nombreux et curieux de découvertes. Que dix malles de 91 livres de littérature africaine ont été acheminées par Bibliothèques sans frontières dans dix écoles du Sénégal et du Mali. Je précise bien, de littérature africaine.

    Tout cela est vérifiable sur le site http://www.saintmalobamako.net.

    Catherine Hébert est venue vers moi en décembre 2008 en m’annonçant qu’elle souhaitait réaliser un road-movie littéraire. Je dispose de son argumentaire en archives ainsi que de ma lettre de soutien à l’attention de Madame Laura-Jeanne Lefave du Conseil des Arts, afin qu’elle puisse obtenir les financements qui lui manquaient et qu’elle a obtenus.

    Tout cela pour quoi ? Pour être qualifié de « parisien en proie à une crise d’existentialisme profonde ».

    J’aurais bien d’autres remarques à faire, mais je préfère m’arrêter là.

    Une dernière chose, cependant :

    « Le programme était vague, mais dans de pareilles affaires, l’essentiel est de partir » écrit-elle encore, dites-vous.

    Désolé, mais cette phrase n’est pas de Catherine Hébert, elle est de Nicolas Bouvier. Cette phrase est extraite de son livre L’usage du monde (Petite bibliothèque Payot).

    C’est tellement vite fait de s’approprier ce qui ne nous appartient pas.

    Bien à vous,

    Marc Roger

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