Entrevue avec Gaël Faye : «Je ne m’attendais pas à ce que ça plaise» !

Du haut de son grand gabarit et de ses 31 ans, Gaël Faye garde la tête sur les épaules et les pieds sur terre, malgré le succès qui lui tombe dessus depuis qu’il a sorti (février 2013) son premier album solo au nom qui le caractérise, Pili pili sur un croissant au beurre. «Je fais de la musique pour briser des frontières», confie-t-il en entrevue téléphonique, entre deux promos.

Gael_Faye_Facebook2Franchir la frontière canadienne, Gaël Faye l’a fait une fois. Il avait 16 ans : «Je suis venu une fois à Montréal». De cette visite. Il garde de super souvenirs. C’était en été. Il faisait beau, chaud. «Je me souviens de gens très chaleureux», se rappelle-t-il.

Et si l’occasion se présentait, c’est avec beaucoup de plaisir qu’il prendrait l’avion pour la Belle Province. En plus de la forte communauté rwandaise et burundaise, le jeune homme de 31 ans a « hâte » de présenter son album aux quelques membres de sa famille et connaissances installés au Québec, mais également à Ottawa.

« Impression de voyager »

Le succès de son album solo, il ne l’a pas vu venir. À tout le moins, il savait qu’il travaillait sur un projet particulier. «J’avais conscience d’une chose, j’allais proposer quelque chose d’unique», souligne-t-il.

Entre autres choses, il mentionne le fait de faire rayonner  la musique du Burundi en l’intégrant  dans un univers rap. « C’est un mélange de fierté et d’émotion. »

Gaël ajoute qu’il «ne [s’attendait] pas à ce que ça plaise», aussi bien aux Rwandais et aux Burundais, qui «comprennent exactement de quoi je veux parler» dans les textes, que les autres.

Gael_Faye_Facebook3Ceux-là lui font le plus beaux des compliments en lui disant qu’ils ont «l’impression de voyager». D’autres s’étonnent qu’on puisse « parler du Rwanda et du Burundi autrement ».

Pourtant, l’album composé de 15 titres est à l’image du chanteur, membre du groupe Milk Coffee Sugar qu’il a monté avec son pote Edgar Sekloka, originaire du Cameroun.

«Cet album, il n’a pas été plus réfléchi que ça, mentionne-t-il. J’ai vraiment posé sur la table ce que j’avais dans ta tête. C’est ce que je suis.»

Encore là, il ne s’agit pas de paroles en l’air. Gaël est français par son père, rwandais par sa mère, mais est né et a grandi au Burundi, où sa mère s’est installée, après les premiers «événements» de 70, qui ont précédé la première vague de départs de Rwandais.

Gael_Faye_Facebook4Le premier titre A-France, qu’il a écrit il y a 10 ans, est un «néologisme» et en réalité «une contraction d’Afrique et France».

«Je n’ai pas qu’un pays», reconnaît le chanteur.

Pour autant, ce tiraillement entre ses différentes cultures, cette quête d’identité, le franco-rwandais l’assume.

Dans le texte de A-France, le chanteur y va de cette phrase  à sa sœur, mais adressée à son papa: «Dis lui qu’en France, on ne grandit plus, dis lui que je vieillis».

À ce propos, il est lucide. Pas question de parler d’un manque ou d’un retour vers l’enfance. Pour lui, c’est simplement «un constat sur l’exil». «Ce n’est pas une immigration», mentionne-t-il.

Le plus dur, c’est de voir la distance temporelle, «tous ces instants qu’on ne rattrapera jamais». Bref, ajoute-t-il, c’est un peu comme «faire une croix sur des instants de vie, tous ces instants qu’on ne rattrapera jamais ».

Gael_Faye_FacebookDans le reste de l’album, Gaël revient aussi sur son parcours de vie, « raconte avec nostalgie, indignation et tendresse, son enfance au Burundi, son arrivée en France, ses amours et ses combats ».

Selon lui, ce premier album solo n’est que le point de départ d’un nouveau chemin. Maintenant, croit-il, « je vais me sentir plus libre dans ma création. Il était important pour moi de dire certaines choses. Il fallait un projet qui soit cohérent. Je n’ai pas tourné une page, j’ai fermé un livre. »

Lucide sur son autobiographie, il l’est également sur son univers, notamment la scène rap et musique urbaine en France qu’il trouve «très vivace, très pluriel. Il y a du bon et il y a du mauvais».

Son univers, il l’assume totalement. « Je me revendique de la culture hi-pop », explique-t-il. « Moi, mon rap est mêlé de pleins d’influences », ajoute-il, soulignant au passage que son futur s’inscrira forcement dans cette lancée. «Je fais de la musique pour briser des frontières, pour explorer», lance Gaël Faye.

Par ailleurs, il reconnaît que l’état d’esprit est redevenu bon dans l’industrie. Il parle à ce titre d’un «nouvel âge d’or», un «respect qui revient», ce qui n’était pas le cas il y a cinq ou 10 ans.

Pour en savoir plus :

 

 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici